MA SÉLECTION PARFUM POUR CET AUTOMNE - On aura bien peu profité de l'été en temps voulu, on a pu se rattraper vite fait à la rentrée, mais maintenant, on semble être bien rentré dans les frimas de l'automne depuis quelques jours. Qu'est ce qui me fait dire ça ? Le temps d'abord, mais surtout mes envies parfum !
En effet, je crois que l'élément le plus révélateur du changement de saison chez les perfumistas, plus que la date sur le calendrier, c'est le "j'ai envie de tel parfum" ou "qu'est ce que je vais bien pouvoir porter pour m'emmitoufler dans mon écharpe ?", ou encore "quel chypre ira le mieux avec mes nouvelles chaussure en daim et mon trench ?".
Ils sont fous ces perfumistas !
Finis les agrumes, les eaux fraîches à outrance, les fleurettes estivales aux odeurs de soleil. Non, je ne dis pas qu'il ne faut pas les porter durant l'intersaison, mais instinctivement on va vers eux de façon plus anecdotique. Je ne le dirai jamais assez : je suis partisan de l'utilisation des ambres et résines crépitantes en été, et des parfums glacials en hiver.
En automne c'est différent : le temps a le cul entre deux chaises, pouvant changer d'une heure à l'autre. L'atmosphère humide et la nature changeante jouent sur le moral. C'est la saison mélancolique par excellence. L'automne, c'est les envies de notes boisées, moussues, aux accents cuirés, liquoreux. Quelques notes vertes ici et là, entre des fleurs qui revivent et s'affirment après la latence chaude de l'été... Bref, on peut relativement se faire plaisir, dans tout le spectre olfactif, du côté côté classique comme en allant piocher dans les nouveautés.
Voici mes envies du moment, bien de saison :
LA XIIIème HEURE - Cartier
Trois ans maintenant que ses volutes de fumées, enlaçant un narcisse brumeux et froid, me fascinent. Empreinte d'émotions et d'une véritable âme, cet opus de la gamme des Heures de Cartier est sans doute l'une des plus belles créations de la parfumerie moderne de ses 10 dernières années. Retrouver son effet boisé fumé subtilement suranné, drapé d'un voile oriental, est toujours un réel plaisir lorsque l'on sent le fond de l'air changer. S'envelopper dans ce sillage mélancolique, semblable au fantôme d'un vieux Guerlain oublié, c'est tirer sur les cordes de la mélancolie ; odeurs familières de feux de bois, d'intérieur de maison de famille, odeurs de vieux livres, et de cheminées fumantes à la campagne... Mathilde Laurent joue avec les émotions, et on en redemande !
CUIR D'ANGE - Hermès
Surprise inattendue de cette fin d'année, je ne me remets toujours pas de ce flot de tendresse, à la fois rieur et nostalgique, que nous offre Jean-Claude Ellena. Un cuir tout en lumière, d'un rayon doré qui se perd furtivement et timidement dans les jours raccourcissant de l'automne.
Cuir d'Ange est fait pour profiter des dernières journées tièdes et ensoleillées de l'année. Une légèreté rieuse et transparente comme un sourire en coin, pour rendre radieux un daim subtilement fumé et épicé qui me fait perdre mon regard dans le lointain, contemplatif.
Un cuir fleuri de mimosa et de lilas qui, par son grain de peau comme chauffé par le soleil de la Riviera, permet de s'échapper et fuir le blues automnal. Ou pour les plus chanceux : le savourer pleinement sous le ciel clément des latitudes plus clémentes !
M7 - Yves Saint Laurent
L'avant-gardiste incompris devenu culte, en version originale (celle que je possède) ou en version Oud Absolue (au départ de oud plus corsé), se dégaine dès les prémices de l'automne.
Sensualité folle d'un oriental boisé et cuiré, sublimant la peau d'une aura électrisante, du fond de l'épiderme jusqu'au bout du poil (qui se hérisse !), c'est la promesse de cette essence insolente et outrageusement addictive. Mais si ce n'est pas l'effet aphrodisiaque de M7 qui vous intéresse, alors c'est pour cette même aura mais pour son effet de réconfort et de bulle rassurante que vous craquerez.
A porter emmitouflé dans une bonne écharpe, avec ou non une belle veste ajustée !
L'ORPHELINE - Serge Lutens
C'est THE Lutens de l'année, sorti entre Laine de Verre (la menthe déjantée de la série des "eaux") et L'incendiare (le oud qu'on se demandait quand il arriverait dans la maison !). Véritable clé de voûte de la collection de parfums Serge Lutens, L'orpheline est à mi chemin entre de nombreuses créations du duo Lutens/Sheldrake. Empruntant le faux œillet à la violette de Vitriol d’œillet, l'encens de L'eau froide, ou encore l'aspect cendré de Serge noire, il semble réinterpréter les codes de la fougère tout en s'en éloignant par ses aspects boisés et orientaux.
Mais le plus saisissant dans ce parfum est sans doute sa force évocatrice. Non pas parce qu'il évoque quelque chose de précis, mais par le pouvoir qu'il a à immiscer en quiconque un sentiment nostalgique, à la fois de plénitude et de malaise. Un flacon rempli d'une pensine cristalline en gris argenté que Monsieur Lutens a tiré du fin fond de ses entrailles. Méditatif et émouvant.
Un parfum Lutens à la hauteur des attentes, à porter dans les teintes grises et noires d'un tweed, pour habiller son sillage d'un chaud/froid de cendres grisantes et inquiétantes qui siéent au mornes et humides journées d'automne.
MON PARFUM CHÉRI - Annick Goutal
Momentanément discontinué, puis de retour dans la gamme dans sa concentration EDP, s'il y a un parfum qui évoque immanquablement l'automne par son odeur, c'est bien lui : Mon Parfum Chéri.
Sa prune, liquoreuse et sombre, fait écho à un patchouli, moisi et terreux. L'iris suffocant vient poudrer le tout et faire scintiller de notes de violette ce chypre fruité très rétro. Réminiscence du sillage d'une élégante, fraichement poudrée, se promenant dans la campagne roussissante et gorgée d'odeurs de feuille mortes humides, d'humus et de sous bois prometteurs et généreux.
Quelque peu austère, ce chypre est clivant et peut rebuter par ses aspects les plus bruts. Mais l'élégance retenue et très intellectuelle de Mon Parfum Chéri est un ravissement à porter dans la fraîcheur de l'automne.
J'aime l'aspect salé, que j'appelle "graine de céleri", qu'il développe sur peau en été (à petites doses, en eau de toilette). Mais par temps frais, c'est pour cette vision d'une nature automnale onirique et idéalisée, débordante de feuilles mortes et de fruits bien mûrs, que j'aime le porter.
MITSOUKO (EDP) - Guerlain
Une envie d'autres fruits et de mousses pour célébrer l'automne ?
Du côté des grands classiques, il y a de quoi se faire plaisir aussi. Alors après le chypre d'inspiration ancienne... le VRAI chypre ancien.
Une structure sombre et épaisse, densément moussue et boisée pour le sombre sous bois, et la peau duveteuse d'une pêche, fleurie de rose et de jasmin, couplée à une ouverture d'agrumes irradiants, pour se rattacher aux derniers rayons du soleil.
Promenade dans un sous-bois qui s'embrase et où arrive à filtrer le maigre soleil d'octobre... Mitsouko est comme une bourgeoise qui s'échappe dès la rentrée de septembre dans sa maison de campagne pour se saouler égoïstement d'une atmosphère surannée, complètement déconnectée, alors que la ville bruisse des talons qui claque sur les trottoirs gris et détrempés.
Bien sûr, je pourrais encore en citer tant d'autres...
Je ne délaisserais pour rien au monde Habit Rouge en eau de toilette, et Azemour de Parfum d'Empire. J'ai aussi des envies de Jicky, de Mouchoir de Monsieur et d'Après l'Ondée ; peut être craquerai-je pour l'un d'eux bientôt. J'ai des envies de cuirs fumés, brut ou bien travaillés et élégants à la manière de Cuir de Russie de Chanel. Je me dis qu'une Eau d'Hermès, avec son cuir cuminique et animal, pourrait tout à fait faire l'affaire les jours sans (c'est vrai que c'est la simplicité même à porter !).
En cette saison, le mimosa est la seule fleur qui me fait réellement envie en soliflore. Une fleur typiquement printanière, mais aux couleurs et à l'odeur douce et feutrée qui m'évoque pourtant la lumière tombante de l'automne. Ma préférence va à Une Fleur de Cassie des Éditions de Parfums Frédéric Malle et Farnesiana de Caron, qui se complètent parfaitement bien : la première aux airs d'aldéhydés des années 50/60, et le second plus amandé et douillet.
Bref, boisés, chyprés et cuirs sont de mise pour ma part. Pas de fantaisies extravagantes pour cet automne, mais du classique sûr et efficace, en allant piocher dans l'ancien comme dans le moderne.
Et vous ? Sous quel signe sera placé votre automne ?
--- -- -
Et si vous êtes curieux, d'autres blogueurs ont répondu à mon appel et vous livrent eux aussi leur sélection parfum de l'automne.
Retrouvez Dau et ses "envies d'automne", et bientôt les articles des autres copains...
"Colchiques dans les prés
Fleurissent, fleurissent
Colchiques dans les prés
C'est la fin de l'été..."
La Treizième Heure - Cartier |
En effet, je crois que l'élément le plus révélateur du changement de saison chez les perfumistas, plus que la date sur le calendrier, c'est le "j'ai envie de tel parfum" ou "qu'est ce que je vais bien pouvoir porter pour m'emmitoufler dans mon écharpe ?", ou encore "quel chypre ira le mieux avec mes nouvelles chaussure en daim et mon trench ?".
Ils sont fous ces perfumistas !
Finis les agrumes, les eaux fraîches à outrance, les fleurettes estivales aux odeurs de soleil. Non, je ne dis pas qu'il ne faut pas les porter durant l'intersaison, mais instinctivement on va vers eux de façon plus anecdotique. Je ne le dirai jamais assez : je suis partisan de l'utilisation des ambres et résines crépitantes en été, et des parfums glacials en hiver.
En automne c'est différent : le temps a le cul entre deux chaises, pouvant changer d'une heure à l'autre. L'atmosphère humide et la nature changeante jouent sur le moral. C'est la saison mélancolique par excellence. L'automne, c'est les envies de notes boisées, moussues, aux accents cuirés, liquoreux. Quelques notes vertes ici et là, entre des fleurs qui revivent et s'affirment après la latence chaude de l'été... Bref, on peut relativement se faire plaisir, dans tout le spectre olfactif, du côté côté classique comme en allant piocher dans les nouveautés.
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La Treizième Heure - Cartier |
Voici mes envies du moment, bien de saison :
LA XIIIème HEURE - Cartier
Trois ans maintenant que ses volutes de fumées, enlaçant un narcisse brumeux et froid, me fascinent. Empreinte d'émotions et d'une véritable âme, cet opus de la gamme des Heures de Cartier est sans doute l'une des plus belles créations de la parfumerie moderne de ses 10 dernières années. Retrouver son effet boisé fumé subtilement suranné, drapé d'un voile oriental, est toujours un réel plaisir lorsque l'on sent le fond de l'air changer. S'envelopper dans ce sillage mélancolique, semblable au fantôme d'un vieux Guerlain oublié, c'est tirer sur les cordes de la mélancolie ; odeurs familières de feux de bois, d'intérieur de maison de famille, odeurs de vieux livres, et de cheminées fumantes à la campagne... Mathilde Laurent joue avec les émotions, et on en redemande !
CUIR D'ANGE - Hermès
Surprise inattendue de cette fin d'année, je ne me remets toujours pas de ce flot de tendresse, à la fois rieur et nostalgique, que nous offre Jean-Claude Ellena. Un cuir tout en lumière, d'un rayon doré qui se perd furtivement et timidement dans les jours raccourcissant de l'automne.
Cuir d'Ange est fait pour profiter des dernières journées tièdes et ensoleillées de l'année. Une légèreté rieuse et transparente comme un sourire en coin, pour rendre radieux un daim subtilement fumé et épicé qui me fait perdre mon regard dans le lointain, contemplatif.
Un cuir fleuri de mimosa et de lilas qui, par son grain de peau comme chauffé par le soleil de la Riviera, permet de s'échapper et fuir le blues automnal. Ou pour les plus chanceux : le savourer pleinement sous le ciel clément des latitudes plus clémentes !
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M7 - Yves Saint Laurent |
L'avant-gardiste incompris devenu culte, en version originale (celle que je possède) ou en version Oud Absolue (au départ de oud plus corsé), se dégaine dès les prémices de l'automne.
Sensualité folle d'un oriental boisé et cuiré, sublimant la peau d'une aura électrisante, du fond de l'épiderme jusqu'au bout du poil (qui se hérisse !), c'est la promesse de cette essence insolente et outrageusement addictive. Mais si ce n'est pas l'effet aphrodisiaque de M7 qui vous intéresse, alors c'est pour cette même aura mais pour son effet de réconfort et de bulle rassurante que vous craquerez.
A porter emmitouflé dans une bonne écharpe, avec ou non une belle veste ajustée !
L'ORPHELINE - Serge Lutens
C'est THE Lutens de l'année, sorti entre Laine de Verre (la menthe déjantée de la série des "eaux") et L'incendiare (le oud qu'on se demandait quand il arriverait dans la maison !). Véritable clé de voûte de la collection de parfums Serge Lutens, L'orpheline est à mi chemin entre de nombreuses créations du duo Lutens/Sheldrake. Empruntant le faux œillet à la violette de Vitriol d’œillet, l'encens de L'eau froide, ou encore l'aspect cendré de Serge noire, il semble réinterpréter les codes de la fougère tout en s'en éloignant par ses aspects boisés et orientaux.
Mais le plus saisissant dans ce parfum est sans doute sa force évocatrice. Non pas parce qu'il évoque quelque chose de précis, mais par le pouvoir qu'il a à immiscer en quiconque un sentiment nostalgique, à la fois de plénitude et de malaise. Un flacon rempli d'une pensine cristalline en gris argenté que Monsieur Lutens a tiré du fin fond de ses entrailles. Méditatif et émouvant.
Un parfum Lutens à la hauteur des attentes, à porter dans les teintes grises et noires d'un tweed, pour habiller son sillage d'un chaud/froid de cendres grisantes et inquiétantes qui siéent au mornes et humides journées d'automne.
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Mon Parfum Chéri - Annick Goutal |
MON PARFUM CHÉRI - Annick Goutal
Momentanément discontinué, puis de retour dans la gamme dans sa concentration EDP, s'il y a un parfum qui évoque immanquablement l'automne par son odeur, c'est bien lui : Mon Parfum Chéri.
Sa prune, liquoreuse et sombre, fait écho à un patchouli, moisi et terreux. L'iris suffocant vient poudrer le tout et faire scintiller de notes de violette ce chypre fruité très rétro. Réminiscence du sillage d'une élégante, fraichement poudrée, se promenant dans la campagne roussissante et gorgée d'odeurs de feuille mortes humides, d'humus et de sous bois prometteurs et généreux.
Quelque peu austère, ce chypre est clivant et peut rebuter par ses aspects les plus bruts. Mais l'élégance retenue et très intellectuelle de Mon Parfum Chéri est un ravissement à porter dans la fraîcheur de l'automne.
J'aime l'aspect salé, que j'appelle "graine de céleri", qu'il développe sur peau en été (à petites doses, en eau de toilette). Mais par temps frais, c'est pour cette vision d'une nature automnale onirique et idéalisée, débordante de feuilles mortes et de fruits bien mûrs, que j'aime le porter.
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Mitsouko - Guerlain |
Une envie d'autres fruits et de mousses pour célébrer l'automne ?
Du côté des grands classiques, il y a de quoi se faire plaisir aussi. Alors après le chypre d'inspiration ancienne... le VRAI chypre ancien.
Une structure sombre et épaisse, densément moussue et boisée pour le sombre sous bois, et la peau duveteuse d'une pêche, fleurie de rose et de jasmin, couplée à une ouverture d'agrumes irradiants, pour se rattacher aux derniers rayons du soleil.
Promenade dans un sous-bois qui s'embrase et où arrive à filtrer le maigre soleil d'octobre... Mitsouko est comme une bourgeoise qui s'échappe dès la rentrée de septembre dans sa maison de campagne pour se saouler égoïstement d'une atmosphère surannée, complètement déconnectée, alors que la ville bruisse des talons qui claque sur les trottoirs gris et détrempés.
Bien sûr, je pourrais encore en citer tant d'autres...
Je ne délaisserais pour rien au monde Habit Rouge en eau de toilette, et Azemour de Parfum d'Empire. J'ai aussi des envies de Jicky, de Mouchoir de Monsieur et d'Après l'Ondée ; peut être craquerai-je pour l'un d'eux bientôt. J'ai des envies de cuirs fumés, brut ou bien travaillés et élégants à la manière de Cuir de Russie de Chanel. Je me dis qu'une Eau d'Hermès, avec son cuir cuminique et animal, pourrait tout à fait faire l'affaire les jours sans (c'est vrai que c'est la simplicité même à porter !).
En cette saison, le mimosa est la seule fleur qui me fait réellement envie en soliflore. Une fleur typiquement printanière, mais aux couleurs et à l'odeur douce et feutrée qui m'évoque pourtant la lumière tombante de l'automne. Ma préférence va à Une Fleur de Cassie des Éditions de Parfums Frédéric Malle et Farnesiana de Caron, qui se complètent parfaitement bien : la première aux airs d'aldéhydés des années 50/60, et le second plus amandé et douillet.
Bref, boisés, chyprés et cuirs sont de mise pour ma part. Pas de fantaisies extravagantes pour cet automne, mais du classique sûr et efficace, en allant piocher dans l'ancien comme dans le moderne.
Et vous ? Sous quel signe sera placé votre automne ?
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Et si vous êtes curieux, d'autres blogueurs ont répondu à mon appel et vous livrent eux aussi leur sélection parfum de l'automne.
Retrouvez Dau et ses "envies d'automne", et bientôt les articles des autres copains...