Voici le deuxième et dernier volet de cette mini-série de Noël consacrée aux odeurs de fêtes de fin d'année.
Vous avez été nombreux à divulguer, suite au premier billet, vos propres souvenirs et expériences parfumées de Noël et ça m'a fait énormément plaisir. N'hésitez pas, si vous le souhaitez, à en rajouter d'autres ...
Sapin :
Chacun a été marqué, dans son enfance ou plus tard, par l'odeur résineuse, légèrement aromatique et verte, du sapin.
Comme le muguet, l'herbe coupée, l'orange, la vanille ou encore le chocolat, le sapin est une odeur qui constitue la culture olfactive innée de toute personne occidentale et qui est très souvent reconnue facilement est très rapidement.
Malheureusement, les sapins synthétiques ont eu leur heure de gloire, et ont peu à peu remplacé leur version naturelle. Même si ces ersatz sont souvent de bien meilleur aspect, bien coniques, sans branche manquante, sans les aiguilles qui tombent au bout de cinq jours... Ils leur manquent cependant un point essentiel et non des moindres : l'odeur !
Lorsque l'on parle d'odeurs aussi "cultes", ou plutôt "inévitables", on peut souvent constater que certaines personnes ne les connaissent pas. D'accord, nous n'avons pas tous la même histoire, la même culture, la même éducation, mais il y a des incontournables quasiment OBLIGATOIRES. C'est comme demander à une personne de 25 ans si elle sait qui est Jean de la Fontaine ou Baudelaire et qu'elle nous répond "non". J'ai constaté cela en voyant, entre autres, une jeune fille lors d'un jeu olfactif, qui demandait à sa mère "mais c'est quoi du muguet ?". Cette jeune fille souhaite intégrer une école de parfumerie. Je vous laisse méditer...
Je pense donc qu'il est du devoir des parents d'éduquer olfactivement leurs enfants, leurs faire vivre différentes expériences olfactives essentielles comme celle du sapin de Noël. "Essentielles" car en plus d'être liées à une culture, un héritage commun, il n'y a rien de plus frustrant pour une personne arrivée à l'age adulte que de se rendre compte qu'il lui manque des éléments incontournables que tout le monde connait autour sauf elle.Comme, par exemple, les joies d'un salon familial parfumé de la douce odeur racée et corsée, presque poivrée, du sapin fièrement dressé au milieu du salon, illuminé de milles étincelles et qui perd, un à un, ses adrets.
Fin de Repas :
Qui dit "fêtes de fin d'année" laisse inévitablement supposer "festins de roi", même dans une époque où faire attention à l'ampleur de ses cellules adipeuses est devenu une obsession et une priorité.
Alors on pourra conseiller, aux contraintes (et contraints) du syndrome du moineau, de se nourrir d'odeurs.Ccar même si le goût est le sens principalement sollicité lors d'un repas, l'odorat n'est pas en reste.
Le moment le plus intéressant est, pour moi, la fin du repas ; exactement au moment où tout le monde pense avoir dépassé son seuil de tolérance depuis la troisième entrée. C'est donc à ce moment précis qu'a lieu une alchimie des odeurs, ode aux parfums culinaires. Qui plus est, en pleine digestion les récepteurs du goûts ne sont plus sollicités, et seul mon nez est encore aux aguets, capable de fonctionner de lui même et saisir toutes les bribes de l'histoire qui vient de se dérouler sur cette table, après les trois coups de fourchettes et le levé de serviette. Tragédie pour certains, comédie pour d'autres...
Dans l'air au dessus de la table flottent, entremêlées, les fumerolles des jus de viandes, un peu gras, un peu salés et aromatiques, relevés de thym ou de laurier, légèrement caramélisés. Ils sont encore accompagnés, même si engloutie depuis longtemps, de leur garniture de châtaignes et de pommes sautées. On les reconnait aux relents farineux de féculent et de noisette pour les unes, et plus huileux pour les autres. Les tâches bordeaux qui ponctuent la nappe immaculée, témoins d'accidents apparemment inévitables car si courants, animent cette joyeuse cacophonie de notes vineuses, vinaigrées, entre prune, sirop de fruits rouges et notes boisées.
Avec un peu plus d'attention, on pourrait presque percevoir dans la pièce des restes iodés d'embruns marins, évadés d'un plateau d'huitres qui n'est plus qu'un souvenir. Giclée de citron acidulée et zestée, bulle de champagne soufrée, fleurie de jasmin et sucrée de fruits jaunes... même l'apéritif ne semble pas être loin. A moins que ce soient les serviettes qui recèlent, dans leurs replis, quelques éclats odorants de coquilles ou autres sucs de crevettes. Tenez, parlons en de cette facétieuse et perfide crevette : à la fois salée, poissonneuse, suspecte et évocatrice de choses peu ragoutantes auxquelles tout le monde pense mais dont personne ne parle, elle reste des heures durant sur les doigts. Et ce n'est pas la petite lingette désodorisante imbibée de citron criard et synthétique qui dira le contraire en essayant de la vaincre tant bien que mal (plutôt mal que bien, d'ailleurs !)
Mais les parfums les plus forts à cet instant, ceux qui dominent la tablée épuisée, le plateau des joueurs de belote qui braillent à tout va et les discussions de famille qui surgissent de tous les coins, sont celle des gourmandises et autres douceurs qui marquent la fin du repas. Vapeurs terreuses, fumées et torréfiées des fond de tasses à café, parfois sucrées au point que le sucre s'est presque cristallisé en dégageant des vapeurs liquoreuses. Fumeroles herbacées et florales des infusions digestives. Une mandarine qui s'épluche par ici et exhale ses essences pétillantes, Un litchi croqué par là et dévoile des notes de rose. Une vapeur éthérée d'alcool de plantes ou de fruit se disperse... On a fait sauter le bouchon du digestif !
Les papiers des papillotes crépitent, ponctués de coups de pétards, les rires et les éclats de voix continuent, le temps semble presque suspendu et l'on se sent bien !
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Sur ces quelques mots et cette mini-série de récits olfactifs qui me sont chers, je vous souhaite, très fidèles lecteurs, une excellente fin d'année, un très bon réveillon de la Saint Sylvestre, ainsi que, un peu en avance, une excellente année 2013 toute ponctuée d'odeurs et de parfums plus merveilleux les uns que les autres !
Vous avez été nombreux à divulguer, suite au premier billet, vos propres souvenirs et expériences parfumées de Noël et ça m'a fait énormément plaisir. N'hésitez pas, si vous le souhaitez, à en rajouter d'autres ...
Sapin :
Chacun a été marqué, dans son enfance ou plus tard, par l'odeur résineuse, légèrement aromatique et verte, du sapin.
Comme le muguet, l'herbe coupée, l'orange, la vanille ou encore le chocolat, le sapin est une odeur qui constitue la culture olfactive innée de toute personne occidentale et qui est très souvent reconnue facilement est très rapidement.
Malheureusement, les sapins synthétiques ont eu leur heure de gloire, et ont peu à peu remplacé leur version naturelle. Même si ces ersatz sont souvent de bien meilleur aspect, bien coniques, sans branche manquante, sans les aiguilles qui tombent au bout de cinq jours... Ils leur manquent cependant un point essentiel et non des moindres : l'odeur !
Lorsque l'on parle d'odeurs aussi "cultes", ou plutôt "inévitables", on peut souvent constater que certaines personnes ne les connaissent pas. D'accord, nous n'avons pas tous la même histoire, la même culture, la même éducation, mais il y a des incontournables quasiment OBLIGATOIRES. C'est comme demander à une personne de 25 ans si elle sait qui est Jean de la Fontaine ou Baudelaire et qu'elle nous répond "non". J'ai constaté cela en voyant, entre autres, une jeune fille lors d'un jeu olfactif, qui demandait à sa mère "mais c'est quoi du muguet ?". Cette jeune fille souhaite intégrer une école de parfumerie. Je vous laisse méditer...
Je pense donc qu'il est du devoir des parents d'éduquer olfactivement leurs enfants, leurs faire vivre différentes expériences olfactives essentielles comme celle du sapin de Noël. "Essentielles" car en plus d'être liées à une culture, un héritage commun, il n'y a rien de plus frustrant pour une personne arrivée à l'age adulte que de se rendre compte qu'il lui manque des éléments incontournables que tout le monde connait autour sauf elle.Comme, par exemple, les joies d'un salon familial parfumé de la douce odeur racée et corsée, presque poivrée, du sapin fièrement dressé au milieu du salon, illuminé de milles étincelles et qui perd, un à un, ses adrets.
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Paysage hivernal, photo© Musque-moi |
Fin de Repas :
Qui dit "fêtes de fin d'année" laisse inévitablement supposer "festins de roi", même dans une époque où faire attention à l'ampleur de ses cellules adipeuses est devenu une obsession et une priorité.
Alors on pourra conseiller, aux contraintes (et contraints) du syndrome du moineau, de se nourrir d'odeurs.Ccar même si le goût est le sens principalement sollicité lors d'un repas, l'odorat n'est pas en reste.
Le moment le plus intéressant est, pour moi, la fin du repas ; exactement au moment où tout le monde pense avoir dépassé son seuil de tolérance depuis la troisième entrée. C'est donc à ce moment précis qu'a lieu une alchimie des odeurs, ode aux parfums culinaires. Qui plus est, en pleine digestion les récepteurs du goûts ne sont plus sollicités, et seul mon nez est encore aux aguets, capable de fonctionner de lui même et saisir toutes les bribes de l'histoire qui vient de se dérouler sur cette table, après les trois coups de fourchettes et le levé de serviette. Tragédie pour certains, comédie pour d'autres...
Dans l'air au dessus de la table flottent, entremêlées, les fumerolles des jus de viandes, un peu gras, un peu salés et aromatiques, relevés de thym ou de laurier, légèrement caramélisés. Ils sont encore accompagnés, même si engloutie depuis longtemps, de leur garniture de châtaignes et de pommes sautées. On les reconnait aux relents farineux de féculent et de noisette pour les unes, et plus huileux pour les autres. Les tâches bordeaux qui ponctuent la nappe immaculée, témoins d'accidents apparemment inévitables car si courants, animent cette joyeuse cacophonie de notes vineuses, vinaigrées, entre prune, sirop de fruits rouges et notes boisées.
Avec un peu plus d'attention, on pourrait presque percevoir dans la pièce des restes iodés d'embruns marins, évadés d'un plateau d'huitres qui n'est plus qu'un souvenir. Giclée de citron acidulée et zestée, bulle de champagne soufrée, fleurie de jasmin et sucrée de fruits jaunes... même l'apéritif ne semble pas être loin. A moins que ce soient les serviettes qui recèlent, dans leurs replis, quelques éclats odorants de coquilles ou autres sucs de crevettes. Tenez, parlons en de cette facétieuse et perfide crevette : à la fois salée, poissonneuse, suspecte et évocatrice de choses peu ragoutantes auxquelles tout le monde pense mais dont personne ne parle, elle reste des heures durant sur les doigts. Et ce n'est pas la petite lingette désodorisante imbibée de citron criard et synthétique qui dira le contraire en essayant de la vaincre tant bien que mal (plutôt mal que bien, d'ailleurs !)
Mais les parfums les plus forts à cet instant, ceux qui dominent la tablée épuisée, le plateau des joueurs de belote qui braillent à tout va et les discussions de famille qui surgissent de tous les coins, sont celle des gourmandises et autres douceurs qui marquent la fin du repas. Vapeurs terreuses, fumées et torréfiées des fond de tasses à café, parfois sucrées au point que le sucre s'est presque cristallisé en dégageant des vapeurs liquoreuses. Fumeroles herbacées et florales des infusions digestives. Une mandarine qui s'épluche par ici et exhale ses essences pétillantes, Un litchi croqué par là et dévoile des notes de rose. Une vapeur éthérée d'alcool de plantes ou de fruit se disperse... On a fait sauter le bouchon du digestif !
Les papiers des papillotes crépitent, ponctués de coups de pétards, les rires et les éclats de voix continuent, le temps semble presque suspendu et l'on se sent bien !
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Sapin en hiver - photo© Musque-moi |
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Sur ces quelques mots et cette mini-série de récits olfactifs qui me sont chers, je vous souhaite, très fidèles lecteurs, une excellente fin d'année, un très bon réveillon de la Saint Sylvestre, ainsi que, un peu en avance, une excellente année 2013 toute ponctuée d'odeurs et de parfums plus merveilleux les uns que les autres !