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Rose Poivrée, The Different Company - Rose organique

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The Jean Claude Ellena's dark side !

La rose est inévitable en parfumerie. Chaque collection ou maison de parfum, chaque marque, a sa rose, ou presque. Chaque parfumeur est amené, un jour, à la travailler. De façon détournée, ou alors de façon classique, cela dépend de l'inspiration et du "style" de chacun...

La "Rose Ellena", à l'image des créations du parfumeur en question, est une rose transparente. C'est une trace d'aquarelle fraîche, limpide. Elle est plutôt artificielle, dans l'esprit, liftée à l'extrême et loin d'un absolue de rose naturelle, car elle ne garde que les facette lumineuses de la rose sur pied, comme si le parfum était celui que l'on intercepte dans l'air frais au détour d'un souffle de vent, plutôt que celui, plus lourd et pénétrant, que l'on cueille à même les pétales.
On peut notamment sentir cette "Rose Ellena" dans In Love Again, chez Yves Saint Laurent, dans le dernier parfum de la série des jardins d'Hermès, Un Jardin sur le Toit, et dans Rose Ikebana dans la ollection des Hermessences, où elle est associée à la rhubarbe.

Rose "Baronne Prévost" - photo©Musque-moi

Dans ces compositions, la rose flirt dangereusement avec son image d'odeur ménagères. A trop la déshabiller de ses notes les plus sombres, de ses notes vineuse et épicées, on se défait d'un effet "vieillot" qui lui est généralement associé, mais en contrepartie, on s'approche de la rose synthétique, de la "rose papier toilette" ou "lessivielle".

Et pourtant, en 2002, Jean Claude Ellena nous offrait une très belle et profonde interprétation de la reine des fleurs pour sa nouvelle marque, créée deux ans plus tôt en collaboration avec Thierry de Bachmakov : The Different Company.

Rose Poivrée semble être une reconstitution totalement maitrisée et impressioniste d'une belle et vraie rose charnue. Une rose qui revêt, tour à tour, ses facettes les plus fraîches et innocentes comme les plus mystérieuses ; des notes vertes, poivrées, vineuses, sanglantes, fauves, veloutées, pour une alliance de l'organique végétal à l'organique animal.
La civette et le vétiver sont le secret de cette enivrante animalité !
La première apporte la touffeur et la noirceur qui vient souiller la fleur en apparence si virginale, et le second, par sa note boisée, assoit la fleur sur la peau, pour la lier à cette dernière de façon quasiment naturelle.

Rose Poivrée - The Different Company , photo©Musque-moi

Alors que Jean Claude Ellena nous habitue à des décors ouverts sur la nature, exposés au grand air pur, où tout respire et où l'espace est ouvert à l'infini, il nous mène, avec Rose Poivrée (même si ce n'est pas la plus compacte, la plus facettée et la plus riche des roses qui existe), d'un jardin intime, à l'anglaise, où s'épanouissent les roses anciennes, vers un salon d'apparat aux tentures de velours grenat et aux marbres abondants, où se tient une fête aux allures de réception mondaine ; peut être sommes nous dans une villa de la Rome Antique, ou bien dans un salon parisien du Second Empire. C'est selon vos envies...

Là, la fête bat son plein, quelques muses légèrement vêtues de quelques drapés de soie et parées de beaux bijoux assurent le service et l'animation. Sur les tables les fleurs sont en excès, et les pétales de rose recouvrent sols et tables et saturent l'atmosphère. Dans une effervescence ambiante, deux regards se croisent, des mains se frôlent, des sourires se dessinent, un jet de pétale retombe, une coupe de vin se renverse... Telle aurait pu être l'inspiration de Rose Poivrée !

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C'est la seule et unique rose qui m'a conquis, pour l'instant, et dont j'ai craqué pour un flacon.
Et vous, les roses vous en portez ?

Perles, Lalique - Rose minérale ...

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Il est finalement pas si loin, le temps où les sorties mainstream étaient de qualité.
Perles, créé par Nathalie Lorson pour Lalique en 2006, en est un bon exemple !

Dans cette composition finement ciselée et ouvragée, la rose est taillée dans la plus belle des pierres. Pas une pierre précieuse, juste un minéral fin et noble, comme le calcaire, le marbre, le gypse ou le grès, aux teintes claires ; le blanc, le beige et l'écru.
Une "minéralité" apportée par le poivre, les bois secs, l'iris, le patchouli, et surtout par le Cashmeran, molécule synthétique à l'odeur boisée et crayeuse, que certains rapprochent même du "béton humide".

Sous les doigts de l'artiste-alchimiste, qui a creusé chaque sillon dans la pierre, qui a sculpté chaque pétale dans la roche, du minéral nait le végétal. Les traits sont si fins, les courbures si souples, que la rose prend vie sous nos yeux, se galbe et exhale même un enivrant souffle suave et sucrée, entre poudre irisée et œillet épicé. Parfois même vient s'ajouter un accent salin, qui ne laisse plus aucun doute sur l'origine de cette fleur chimérique...

Fleurs sculptées, Paris Musée du Louvre - photo©Musque-moi


La pierre gagne en souplesse, et ses teintes pâles et blafardes laissent par endroit place à un rouge profond. Un cramoisi intense, nuancé et irrésistiblement chaud, qui contraste avec la froideur du minéral ; véritable drapé de velours sur une statue de marbre. Tantôt pierre, tantôt "vert".
Si maintenant votre doigt venait à remplacer votre nez, et qu'il s'attardait sur une tige, une feuille ou un pétale, il trouverait une surface bombée, creusée, rêche et granuleuse, par endroit poussiéreuse.

Un rendu texturé, inédit, original, avec une inflexion sombre (mais pas noire) et froide, dans le style "dépressif", "morne" ou "méditatif" propre à Nathalie Lorson, et que l'on retrouve dans d'autres de ses créations comme Carbone (Balmain), Autoportrait (Olfactive Studio) ou Encre Noire (Lalique), et que personnellement j'adore !


Au final, une rose brute et authentique, comme la pierre, plutôt que fine, brillante, lisse et polie comme la perle !


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Il semblerait qu'il ait été reformulé il y a peu (environs un an). Je vous ai, ici, parlé de la version que je possède, sans savoir si c'est l'actuelle ou l'ancienne. J'irai sous peu vérifier en parfumerie s'il y a une différence et, bien entendu, changerai cette note.
Quoiqu'il en soit, le phénomène de reformulation n'est pas inconnu chez les perfumistas, et c'est souvent un sujet sensible et qui met les nerfs à vif. Il semblerait même que rien n'aille en s'arrangeant, comme il a été dit ici, puis très bien résumé par The Empty Bottle !


Cartier XII - L'Heure Mystérieuse ...

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Tout est dans le nom !

Une noirceur addictive et une profondeur insaisissable, exacerbées par des notes sombres, auxquelles s'ajoute un jasmin insoupçonné, inattendu, étonnant.


L'Heure Mystèrieuse, Cartier
L'Heure Mystérieuse, ce sont deux yeux qui vous observent. Tantôt remplis de douceur et d'amour, tantôt scrutateurs, jugeurs même, dérangeants. Lorsqu'ils se posent sur vous, tout s'assombrit autour, le silence se fait, ils vous hypnotisent, et les vôtres se plongent au dedans.
Les dunes veloutées de cacao et de sable de Sienne, aux teintes d'ocre, de brun et de roux, se laissent caresser par l'image fugace d'un reflet lumineux, tel le soleil sur une lame. Cet éclat lumineux se cogne, malheureux, au verre d'un paysage sous cloche, et déverse sa chaleur dans les sillons d'un désert lunaire, chimère de bois et de daim, en se faufilant dans le moindre creux et sur le moindre mont dans un jeu d'ombre et de lumière mouvant, autour d'un cœur qui respire, se contracte et se relâche ; pupille vivante, ivre de cette potion lumineuse.

Ce cœur, véritable trou noir béant tirant à lui l'iris dans un drapé de velours, est le mystère de l’œil ; il avale la lumière, le monde qui l'entoure, pour nourrir l'esprit.

Que trouve-t-on derrière ?
Peut être une salle aux relents d'encaustique, plongée dans l'obscurité, où l'on sent le fantôme de bouquets de fleurs blanches dégoulinants de suavité ! Une salle au plafond entrecroisé d'ogives, où se consument en secret les images du présent mêlées aux bois odorants, aux résines enivrantes et aux épices sulfureuses, pour s'élever en volutes de souvenirs vers notre âme - per fumum.
Parfois, face à un regard, on essaye d'y saisir une parole, un sentiment, mais toujours en vain, car on oublie que l’œil, pris seul, est une fenêtre qui s'ouvre sur l’extérieure, et non une porte ouverte sur notre âme. L’œil est insaisissable, indomptable, il se joue de vous. Un seul battement de cils suffit à faire plier les roseaux, et même briser le chêne le plus gros !

Oeil brun , source : www.behance.net

La pupille est la source de tous nos malheurs.
Lorsqu'il est face à nous, ce point de vide, noir et sans fond, est dangereux : hypnotique, il envoûte le badaud qui s'en approche trop et qui ne résisterait pas, pour le meilleur comme pour le pire, au torrent d'images aspirées. Il noie le regard le plus faible et lorsqu'il croise plus fort que lui, l'affrontement peut durer des heures et l'issue fatale peut aller d'un extrême à l'autre : de la passion fougueuse et dévorante à la haine dévastatrice et primaire.

La Mystèrieuse est le regard brun profond et magnétique à l'iris aiguisée et ravageur et à la pupille aussi sombre qu'un canon de revolver. Prenez garde !



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L'Heure Mystérieuse : Mathilde Laurent pour Cartier, 2009
 -> notes : poivre, jasmin, patchouli cacaoté, bois et encens, notes camphrées et d'encaustique.

La série très exclusive des Heures de Cartier est disponible dans les boutiques Cartiers, dans les grands magasins ou les points de vente sélectionnés.

08 Intrigant Patchouli - Parfumerie Générale

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Un chypre moderne aux accents rétro !

Quelle belle et séduisante idée que de travailler le patchouli à travers le chypré, une famille olfactive qui s'en servait par touche pour asseoir et donner du corps aux compositions.
Cette famille mêlait, donc, le patchoulià la mousse de chêne et au labdanum, pour créer une base boisée et sensuelle, souvent agrémentée de quelques notes animales de civette et de castoréum, et sur laquelle venait se greffer un corps floral plus ou moins vert avec, parfois, quelques fruits subtils et élégants, tels la pêche duveteuse ou la prune bien mûre, sans tomber dans l'excès de glucose comme on en fait aujourd'hui, et qui donnent des jus 100% enrichis en sucre et que l'on appelle les "neo-chypres" (ou "chypres modernes").
Une descendance qui fait honte à l'une des plus belles familles de l'histoire de la parfumerie !


Patchouli en majesté - photo©Musque-moi


On pourrait définir Intrigant Patchouli de "neo-chypre".
Ça ne serait pas faux, loin de là, mais particulièrement insultant puisque ça reviendrait à le comparer, à le rabaisser, à toutes les daubes qui inondent les étagères des Nociphorarionnauds . C'est pour vous dire à quel point la tendance du "fruité - sucré - patchoulisé - viens j'vais t’écœurer" parvient à infecter la parfumerie au point de décrédibiliser une sous-famille pourtant si intéressante à exploiter à la base.

On parlera donc ici, pour cette fragrance signée Pierre Guillaume pour sa marque Parfumerie Générale, d'une "déclinaison chyprée".

Ainsi, Intriguant Patchouli est loin de l'image du patchouli que l'on peut se faire. Il troque ses facettes les plus sèches et boisées, rappelant l'humus et la poussière, contre des inflexions plus aristocratiques, aux notes liquoreuses, moelleuses et poudrées.
Il est introduit par un cocktail d'agrumes (orange, mandarine et bergamote) vivifiant et un peu vert (galbanum ?) qui ne s'attarde que l'instant de deux ou trois inspirations. Frustrant mais jouissif ! On se re-parfumerait toute la journée rien que pour ce départ à tomber.
C'est à ce moment là qu'a lieu l'illusion parfaite du chypre. L'espace d'un instant, le patchouli liquoreux, encore indiscernable en tant que tel, commence à mêler aux notes de tête un souffle d'alcool madérisé. On ne peut qu'être séduit, et impressionné, par ce clin d’œil parfait aux Miss Dior, Dioressence et autres chypres verts du siècle dernier, mais comme si le jus initial avait défié le temps pour arriver jusqu'à nos jours, encore pimpant et qualitativement bien au dessus des parfums actuels, malgré ses rides !


Un patchouli intrigant... - photo©Musque-moi


Et puisque cet Intrigant Patchouli ne se veut pas comme un chypre à proprement parlé, une note verte, comme un végétal tiède et moite, que je ne saurais définir de manière précise, fait très vite le lien entre cette tête, riche, fusante et évocatrice, et le cœur du parfum où s'expose en majesté un patchouli inhabituel et empreint de noblesse. Juste voilé d'épices et de notes animales, il à peine sucré par des résines douces, il se poudre sensuellement et se texture entre le simple tweed et le riche brocard, sans jamais perdre la classe et l'élégance noble qui sied à un Lord.
Les notes cacaotées, naturellement présentes dans le patchouli, amplifient la dimension "sale" et animal ; "cul sur les doigts" pour reprendre la célèbre expression de Pierre Guillaume, créateur de la marque.

Le seul défaut serait peut être la tenue, assez faible, et la diffusion discrète, qui pourraient faire râler certains.
Mais Intrigant Patchouli est un parfum de peau, qui se veut être "Un voyage dans l’Orient des Mille et Une Nuits et du Kàma Sùtra", selon son créateur, Pierre Guillaume. Autant dire que c'est un élixir charnel qui se sent au creux d'un cou viril, à l'angle d'une veste en tweed ou d'une chemise de soie, à la chaleur de la peau.


Addictif, classe et intrigant ; un digne descendant des chyprés, loin des sucrailles modernes !



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La ligne Parfumerie Générale est disponible à Paris chez Sens Unique, à Genève chez Théodora, à Montpellier chez Qu'importe le flacon, à Clermont-Ferrand chez Haramens, et dans les points de vente sélectionnés ...
 www.parfumerie-generale.com

La Pluie - Miller Harris

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En parfumerie, il y avait une maison dont rien que l'évocation du nom m'ennuyait déjà: Miller Harris !

Non pas que les jus soient de mauvaise facture, mal exécutés ou désagréables, c'est juste que ce type de parfumerie ne me touche aucunement. Je trouvais les parfums de Lyn Harris, la créatrice, trop vaporeux, éthérés et légers, sans grand caractère, souvent travaillés avec des notes boisées aromatiques, ou florales transparentes très diluées, et toujours, TOUJOURS une note de vétiver que je déteste tant. Je n'arrivais simplement pas à me projeter dans ses créations.

Je parle au passé, car l'une des dernières nouveautés de la marque, La Pluie, m'a poussé à revoir mon jugement.


Pour me toucher au point d'hésiter à en acheter un flacon, La Pluie est allée puiser jusque dans mes souvenirs olfactifs personnels, dans les odeurs de mon enfance, gravées au plus profond de moi.
Entre les parfums des figuiers sous le soleil de l'été, du vent glacial poivré et mentholé de l'hiver, des feuilles de tomate froissées entre les doigts, se cache l'odeur qui est au centre de nouveau Miller Harris, et qui m'est apparue évidente dès les premiers tests : la farine de blé mouillée.
C'est toujours surprenant de retrouver, où on ne l'attend pas, une odeur qu'on avait oubliée !

Une enfance passée à la campagne, proche de la nature (et de nombreuses fermes!) ne peut que favoriser la quantité d'odeurs mémorisées. Des odeurs aussi originales et variées les unes que les autres, et celle de la farine humide en fait partie !

Douce, poudrée, tiède... on pouvait la sentir lorsque mamie préparait sa fameuse "pâtée" pour lapins, mélange d'épluchures de pommes-de-terre cuites et de son (une farine grossière et complète de blé et de diverse céréales) dont les boules de poils aux longues oreilles raffolaient. On les observait avec attention dévorer ce véritable plat gastronomique qui dégageait un fumet presque alléchant. 
C'est aussi le parfum de nos "tambouilles", lorsque l'on s'improvisait chefs cuisiniers avec les cousins, qu'un seau d'eau faisait office de marmite et que l'on y jetait toutes sortes d'ingrédients aussi appétissants les uns que les autres: des grains de maïs piqués dans les mangeoires du poulailler, quelques carottes dérobées aux lapins, de la sciure pour donner de la consistance, une poignée d'herbe faisant office d'aromates... et la fameuse farine que l'on allait chercher directement sous la machine à concasser le grain, par poignées et qui s'accrochait à la peau et au vêtement sous la forme d'un film blanc, doux et poudré !

Goutte dans l'herbe,

Moins brute et rustre que vous pourriez l'imaginer après ces quelques images, cette odeur est, dans La Pluie, fidèle et joliment agrémentée d'une touche de fleurs blanches et de lavande, qui rend le tout un peu plus aérien. Finalement, le rendu est complètement raccord avec le reste de la collection, et l'arrangement et le choix des notes tout à fait reconnaissable !
Doux, soyeux, farineux... en fond, une pointe de vanille particulièrement bien fondue et mêlée au reste de la composition  apporte un effet supplémentaire de confort et de douceur.

En faisant abstraction de mes souvenirs personnels, qui conditionnent quelque peu mon avis, il y a une chose dont je suis sûr et qui, je l'espère, vous touchera aussi, c'est toute la poésie qui émane de cette composition. La douceur incroyable des notes et la fragilité qui en découle ne font que renforcer ma fascination pour ce parfum et justifient mon regard béat d'admiration et mon air rêveur lorsque je l'ai sous le nez.
Contrairement à l'idée "d'atmosphère lourde qui règne avant la pluie dans une île lointaine", que la créatrice a voulu représenter dans cette fragrance, je préfère me prendre à rêver d'une douce pluie fine tombant dans l'air tiède du jardin de Giverny dans la lumière dorée à l'aube d'une journée de début d'été.

Iris à Giverny, source: arts-lubies.blogspot.fr

La Pluie m'aura donc permis de revoir mon jugement vis à vis de la gamme Miller Harris, de m'y intéresser plus sèrieusement, et trouver, finalement, d'autres perles comme Figue Amère, Fleur de Sel, Feuille de Tabac ou encore l'Air de Rien.


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Cet article avait été initialement publié en mars 2012 sur mon premier blog consacré au jardin, Euphorbia.
La Pluie, que j'ai re-senti hier me fait toujours le même effet : un sentiment de mélancolie et de sérénité emprunt de douceur et de poésie. C'est pourquoi j'ai voulu, après quelques retouches, vous le livrer à nouveau ici.

Femme - Rochas

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Il existe encore, dans le bas des étagères des grandes parfumeries à l'air saturé de glucose et de couleurs criardes, des parfums plus tout jeunes, mais qui sont d'une qualité bien supérieure à tout ce qui sort à l'heure actuelle.

Femme, de Rochas, en est un exemple parmi tant d'autres.
Celles et ceux qui l'ont connu il y a dix, vingt ou même trente ans vous diront, inévitablement (comme dirait Chanel !), qu'il a changé.
Quoi qu'il en soit, Femme reste un parfum plutôt clivant, de caractère, qui fait partie intégrante de l'Histoire du parfum, et qui est encore tout à fait portable dans sa version actuelle.


Femme de Rochas - photo© Musque-moi


S'il sortait aujourd'hui, il serait plutôt vu comme audacieux, et aurait plutôt sa place dans la parfumerie de niche. Sa colonne vertébrale chyprée est habillée de notes chères à Edmond Roudnitska ; comme le cumin, en dose particulièrement importante, ainsi que la prune et la pêche qui apportent un contraste fruité tout en rondeur face aux épices.
Le départ pétillant d'agrumes et plus particulièrement de bergamote, glisse doucement vers un fond sensuel mais toujours altier ; origine chyprée oblige.

La version moderne a, sans doute, perdu la mousse de chêne qui donnait tant de classe et de tenue aux parfums anciens, une qualité de bergamote qui faisait démarrer la composition sur des notes moins acides et une dose d'épices plus généreuse qui apportait un caractère bien trempé à l'ensemble. Mais si on fait abstraction de tous ses malheureux changements dus aux normes absurdes, Femme reste un parfum bien identifiable et qui mérite d'être encore porté, et qui plus est aux cous des femmes d'age mûr qui s'obstinent plutôt à jeter leur dévolu sur des flacons en forme de diamant ou de pendentif de collier massaï !



Femme de Rochas - photo© Musque-moi


Les jeunes femmes qui oseront le porter auront toute mon estime.
Même s'il appartient à une famille laissée de côté depuis plusieurs années au profit des parfums "gourmands", Femme est plus que jamais au goût du jour ; entre fruits et épices, entre héritage et modernité. Car on le sait bien, Edmond Roudnitskaétait bien en avance sur son temps.
Parfum de caractère, il peut être un peu difficile au premier abord. A bat les clichés, un test sur peau peut suffire à vous faire changer d'avis (j'ai moi-même été conquis !). Quoi de plus ravageur qu'une pincée de mystère, un souffle de sensualité, un regard hautain et une claque méprisante ?

Femme est une fille qui vous pousse à bout, qui vous teste, vous repousse pour mieux que vous reveniez. Elle sait que vous ne lui résisterez pas, et elle sait qu'elle n'est pas une femme facile !


Femme, c'est cette arrogante sensualité, une ambiguïté au creux d'un cou offert.

Et au masculin... ça marche aussi !



Et pour vous, cette Femme elle est comment ?

Impressions olfactives #2 - Une odeur de Fêtes ...

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Je vous propose, pendant les fêtes, une mini-série non pas sur les parfums, mais sur les odeurs de Noël et de festivités. Une compilation de souvenirs olfactifs très personnels, tirés des plus beaux moments de mon enfance à aujourd'hui. Mais surtout, n'hésitez pas à laisser des commentaires pour me parler de VOS odeurs de Noël !




Mandarine :
Le plaisir d'éplucher une mandarine ou une clémentine, qu'importe, est toujours le même pour moi : un sourire béat aux lèvre en attendant avec impatience les premières gouttes d'huile parfumée qui jailliront au "crac" de la peau qui cèdera sous les ongles, ou l'odeur herbacée, entre le néroli et le petitgrain, des feuilles froissées entre les doigts ou du pédoncule tout juste arraché. Le jus, plein de vitalité, gorgé d'un soleil emprisonné et concentré durant des mois sous une peau cireuse et écarlate, délivre alors son odeur bien caractéristique, aux notes zestées, sucrées et résineuse, entre le thuya et le cyprès, recelant des touches fruitées évoquant les feuilles de cassis. Cette odeur est si facile à reconnaitre, si évocatrice, que l'on sait que quelqu'un, dans les parages, mange une mandarine sans même l'avoir vu, et ce dès les premières secondes où il l'épluche.
Mais ce n'est pas un plaisir fugace, frustrant, qui se termine aussi vite que l'odeur s'est répandue. Nos doigts ne sortent pas indemnes de la lutte contre cette bombe odorante. Ils portent encore, durant plusieurs heures, des bribes zestées, pétillantes, résineuses et acidulées que l'on aime porter, encore et encore, à notre nez.
Il faut que je vous parle, forcément, d'un souvenir olfactif indissociable de la mandarine :mes grands mères avaient pour habitude de placer quelques épluchures de mandarines sur leur fourneau. L'odeur qui emplissait alors la maison était à la fois douce et corsée, mêlant la douceur des agrumes tièdes à la note corsée de zestes pyrogénés, et presque "croustillants". Une odeur réconfortante et enveloppante qui nous accueillait dès que l'on passait le pas-de-porte, laissant derrière le froid mordant pour entrer dans les cris joyeux et les rires familiers de l'esprit de Noël.

Feu de cheminée :
L'odeur du feu de cheminée est un tout, et pas seulement un vague parfum de bois brûlé. C'est aussi l'odeur des buches fraichement rentrées, qui porte encore le voile frais et humide de l'air hivernal, mais dispersant une odeur sèche et boisée, avec quelques touches d'humus et de lichen. C'est aussi l'après combustion : la cendre froide, minérale et amorphe, morte et fugace et dont il faut se débarrasser au plus vite, au petit matin, pour laisser la place libre.
Les pommes de pin crépitent dans le fourneau, l'essence terpénique fait ronronner le feu au quart de tour, alors que dans la cheminée, le papier journal et le petit bois réunis au centre forment un bûcher où sera brûlée, en hérétique du confort, la froideur insupportable de l'hiver. Derrière la vitre poudrée de suie, portant encore les stigmates des fournaises passées, les flammes jaillissent enfin et répandent leur chaleur enveloppante qui endort.
Lorsque l'on ouvre le clapet pour recharger en combustible, parfois la bête s'emballe, se transforme en machine à vapeur fumante de toute part ; véritable chaudière du diable. S'échappent alors de lourdes fumeroles d'odeurs épaisses, fumées, goudronneuses et pyrogénées, qui s'insinuent dans tout ce qu'elles effleurent, au plus profond des pièces, des meubles, des boiseries, des tissus, dans chaque maille, dans chaque fibre, de façon si subtile mais tenace qu'elles donnent une identité au foyer ; c'est, comme on dit, "l'odeur de chez moi" !



D'autres "impressions olfactives" à venir très bientôt ...
En attendant, de très bonnes fêtes de Noël à tous mes chers lecteurs !

Impressions olfactives #2 - Une odeur de Fêtes 2/2 ...

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Voici le deuxième et dernier volet de cette mini-série de Noël consacrée aux odeurs de fêtes de fin d'année.
Vous avez été nombreux à divulguer, suite au premier billet, vos propres souvenirs et expériences parfumées de Noël et ça m'a fait énormément plaisir. N'hésitez pas, si vous le souhaitez, à en rajouter d'autres ...


Sapin :
Chacun a été marqué, dans son enfance ou plus tard, par l'odeur résineuse, légèrement aromatique et verte, du sapin.
Comme le muguet, l'herbe coupée, l'orange, la vanille ou encore le chocolat, le sapin est une odeur qui constitue la culture olfactive innée de toute personne occidentale et qui est très souvent reconnue facilement est très rapidement. 
Malheureusement, les sapins synthétiques ont eu leur heure de gloire, et ont peu à peu remplacé leur version naturelle. Même si ces ersatz sont souvent  de bien meilleur aspect, bien coniques, sans branche manquante, sans les aiguilles qui tombent au bout de cinq jours... Ils leur manquent cependant un point essentiel et non des moindres : l'odeur !
Lorsque l'on parle d'odeurs aussi "cultes", ou plutôt "inévitables", on peut souvent constater que certaines personnes ne les connaissent pas. D'accord, nous n'avons pas tous la même histoire, la même culture, la même éducation, mais il y a des incontournables quasiment OBLIGATOIRES. C'est  comme demander à une personne de 25 ans si elle sait qui est Jean de la Fontaine ou Baudelaire et qu'elle nous répond "non". J'ai constaté cela en voyant, entre autres, une jeune fille lors d'un jeu olfactif, qui demandait à sa mère "mais c'est quoi du muguet ?". Cette jeune fille souhaite intégrer une école de parfumerie. Je vous laisse méditer...
Je pense donc qu'il est du devoir des parents d'éduquer olfactivement leurs enfants, leurs faire vivre différentes expériences olfactives essentielles comme celle du sapin de Noël. "Essentielles" car en plus d'être liées à une culture, un héritage commun, il n'y a rien de plus frustrant pour une personne arrivée à l'age adulte que de se rendre compte qu'il lui manque des éléments incontournables que tout le monde connait autour sauf elle.Comme, par exemple, les joies d'un salon familial parfumé de la douce odeur racée et corsée, presque poivrée, du sapin fièrement dressé au milieu du salon, illuminé de milles étincelles et qui perd, un à un, ses adrets. 


Paysage hivernal, photo© Musque-moi


Fin de Repas :
Qui dit "fêtes de fin d'année" laisse inévitablement supposer "festins de roi", même dans une époque où faire attention à l'ampleur de ses cellules adipeuses est devenu une obsession et une priorité.
Alors on pourra conseiller, aux contraintes (et contraints) du syndrome du moineau, de se nourrir d'odeurs.Ccar même si le goût est le sens principalement sollicité lors d'un repas, l'odorat n'est pas en reste.

Le moment le plus intéressant est, pour moi, la fin du repas ; exactement au moment où tout le monde pense avoir dépassé son seuil de tolérance depuis la troisième entrée. C'est donc à ce moment précis qu'a lieu une alchimie des odeurs, ode aux parfums culinaires. Qui plus est, en pleine digestion les récepteurs du goûts ne sont plus sollicités, et seul mon nez est encore aux aguets, capable de fonctionner de lui même et saisir toutes les bribes de l'histoire qui vient de se dérouler sur cette table, après les trois coups de fourchettes et le levé de serviette. Tragédie pour certains, comédie pour d'autres...
Dans l'air au dessus de la table flottent, entremêlées, les fumerolles des jus de viandes, un peu gras, un peu salés et aromatiques, relevés de thym ou de laurier, légèrement caramélisés. Ils sont encore accompagnés, même si engloutie depuis longtemps, de leur garniture de châtaignes et de pommes sautées. On les reconnait aux relents farineux de féculent et de noisette pour les unes, et plus huileux pour les autres. Les tâches bordeaux qui ponctuent la nappe immaculée, témoins d'accidents apparemment inévitables car si courants, animent cette joyeuse cacophonie de notes vineuses, vinaigrées, entre prune, sirop de fruits rouges et notes boisées. 
Avec un peu plus d'attention, on pourrait presque percevoir dans la pièce des restes iodés d'embruns marins, évadés d'un plateau d'huitres qui n'est plus qu'un souvenir. Giclée de citron acidulée et zestée, bulle de champagne soufrée, fleurie de jasmin et sucrée de fruits jaunes... même l'apéritif ne semble pas être loin. A moins que ce soient les serviettes qui recèlent, dans leurs replis, quelques éclats odorants de coquilles ou autres sucs de crevettes. Tenez, parlons en de cette facétieuse et perfide crevette : à la fois salée, poissonneuse, suspecte et évocatrice de choses peu ragoutantes auxquelles tout le monde pense mais dont personne ne parle, elle reste des heures durant sur les doigts. Et ce n'est pas la petite lingette désodorisante imbibée de citron criard et synthétique qui dira le contraire en essayant de la vaincre tant bien que mal (plutôt mal que bien, d'ailleurs !)
Mais les parfums les plus forts à cet instant, ceux qui dominent la tablée épuisée, le plateau des joueurs de belote qui braillent à tout va et les discussions de famille qui surgissent de tous les coins, sont celle des gourmandises et autres douceurs qui marquent la fin du repas. Vapeurs terreuses, fumées et torréfiées des fond de tasses à café, parfois sucrées au point que le sucre s'est presque cristallisé en dégageant des vapeurs liquoreuses. Fumeroles herbacées et florales des infusions digestives. Une mandarine qui s'épluche par ici et exhale ses essences pétillantes, Un litchi croqué par là et dévoile des notes de rose. Une vapeur éthérée d'alcool de plantes ou de fruit se disperse... On a fait sauter le bouchon du digestif !
Les papiers des papillotes crépitent, ponctués de coups de pétards, les rires et les éclats de voix continuent, le temps semble presque suspendu et l'on se sent bien !


Sapin en hiver - photo© Musque-moi


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Sur ces quelques mots et cette mini-série de récits olfactifs qui me sont chers, je vous souhaite, très fidèles lecteurs, une excellente fin d'année, un très bon réveillon de la Saint Sylvestre, ainsi que, un peu en avance, une excellente année 2013 toute ponctuée d'odeurs et de parfums plus merveilleux les uns que les autres !

Ce qu'il nous faudra retenir de 2012 ...

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Pour moi le plus important cette année aura été, entre autres, le lancement de ce blog, prenant et passionnant, poussé par de nombreux amis blogueurs eux aussi. Avant de découvrir ma rétrospective de 2012, je tenais à souhaiter, à tous mes fidèles lecteurs, commentateurs ou non, une très belle année 2013, de la santé et du succès dans tout ce que vous entreprendrez, ainsi que de belles découvertes parfumées.
J'espère vous intéresser, vous informer et vous divertir encore, au fil de mes posts, pendant toute cette nouvelle année, et j'espère vous parler, très bientôt, d'un projet qui me tient tout particulièrement à cœur, mis en place avec d'autres amateurs de parfum.  
Mais en attendant, je vous propose un flash-back sur le bon et le moins bon de 2012 :



~ ~ ~ Parfumeurs chevaliers ~ ~ ~
En 2011, la parfumeuse Sylvie Jourdet recevait la légion d'honneur. Mais un réel début de reconnaissance arrive en janvier dernier : le Ministère de la Culture nommait "Chevaliers des Arts et des Lettres" non pas un mais cinq parfumeurs, pour la première fois. Ainsi décorés, François Caron (Takasago), Daniela Andrier (Givaudan), Maurice Roucel (Symrise), Olivier Cresp (Fiermenich) et Dominique Ropion (IFF) incarnent la parfumerie au rang d'art. Espérons que ça ne s'arrête pas là, et imaginons même dans quelques années, pourquoi pas, l'inscription de la Parfumerie à la liste du Patrimoine Mondial de l'Humanité !

(source : olfactorum.blogspot.fr)


~ ~ ~ Musc Tonkin ~ ~ ~
Marc-Antoine Corticchiato signe, ici, une très belles sortie - d'ailleurs l'une des plus belles de 2012, pour moi - qui se place immédiatement parmi ses œuvres majeures, aux côtés d'Azemour. En inconditionnel du musc, on pourrait croire que mon jugement a été quelque peu faussé, alors qu'en fait pas du tout... Musc Tonkin est en aucun cas un musc au sens propre. Comme je le dis dans l'article dédié, en mêlant des tonalités vintages, cuirées, florales, alcoolisées presque madérisées, légèrement aldéhydées à des effets épicés et salés modernes, il est bien plus qu'un solinote musc !
Comme toujours chez Marc Antoine, les équilibres des accords ne tiennent qu'à un fil, à la limite parfois entre le chef d’œuvre et la fausse note.
Pensez à vite aller le sentir si vous penser qu'il puisse vous plaire, car cet extrait de parfum n'est disponible qu'en 1000 exemplaires.



 ~ ~ ~ Jovoy change de locaux ~ ~ ~
La plus grande et populaire parfumerie de niche de la capitale a quitté ses locaux de la rue Casanova pour s'installer, guère plus loin, au 4 rue de Castiglione dans un vaste espace chaleureux et convivial, moderne et vintage, où toujours plus de marques confidentielles se côtoient et où vous accueilleront toujours avec autant de plaisir François Hénin et toute son équipe.
Un lieu de rendez-vous inévitable d'un bon nombre de blogueurs et de passionnés. Au plaisir de vous y retrouver donc, au détour d'une mouillette ou d'un flacon !
www.jovoyparis.com

source : Jovoy Paris


~ ~ ~ Patou, un nouveau départ ~ ~ ~
Voisine de Jovoy - juste de l'autre côté de la rue de Castiglione - la maison Patou s'est tout juste émancipée du grand lessivier Procter & Gamble. Avec à son bord Thomas Fontaine, un tout nouveau parfumeur maison passionné et à qui l'on souhaite bien du courage, la marque nous a annoncé, au mois de Juin, la réédition des grands classiques qui ont fait la renommée de la maison, comme Chaldée par exemple. S'en suivront peut être, qui sait, Vacances, Que sais-je ?, l'Eau de Patou, Adieu Sagesse... ?
La réédition de parfums disparus est une chose bien délicate. Mais quelle excellente nouvelle quand on a eu la chance de découvrir ces magnifiques parfums historiques dans leur version vintage. Attention, les aficionados seront aux aguets !



~ ~ ~ Nouvelles rumeurs de législations ~ ~ ~
Une nouvelle fois s'abat sur le monde de la parfumerie des rumeurs alarmantes de réglementations, voire d'interdictions, qui toucheraient des molécules couramment utilisées dans plus de 80% des parfums ; comme par exemple la vanilline, ou bien des molécules entrant dans la composition des essences de rose et de jasmin et qui pourraient bien mettre en péril ces matières utilisées depuis des millénaires en parfumerie... Encore une fois, des craintes absurdes venant de gens mal informés s'alarmant d'une petite allergie à un cosmétique, alors qu'ils fument un paquet de cigarette par jour et consomment que du bio, parce que le bio c'est bon, et le parfum c'est pas bio donc cancérigène, pourraient bien mettre en péril les parfums les plus anciens comme les plus modernes, et réduire considérablement la palette des parfumeurs au point de leur laisser un avenir flou, brumeux et pas très excitant.
Mais il semblerait toutefois que certains parfumeurs s'indignent de plus en plus de ces menaces qui pèsent sur leur métier, et il se pourrait qu'ils envisagent (on l'espère !) d'éventuellement entrer en guerre contre l'IFRA, le REACh et ce principe de précaution absurde.
Aux armes parfumeurs, et faites nous rêver, "FUCK IFRA" comme dirait Madonna !


~ ~ ~ Reformulation de Musc Ravageur ~ ~ ~
En se penchant sur les Editions de Parfums Frédéric Malle, on est sûr de trouver des fragrances soignées, abouties, à contre courant de tout ce qui se fait, de qualité exceptionnelle... mais malheureusement pas exemptées des restrictions en vigueur, et donc des risques de reformulations. Et le premier de la gamme à avoir souffert est Musc Ravageur, mon précieux et bien aimé Musc Ravageur. Je le connais bien, je le porte, et même si cette reformulation n'est qu'une constatation personnelle, je pense qu'elle est bien réelle, malheureusement !
Cette retouche aura certainement été nécessaire suite aux réglementations sur la cannelle, le clou de giroffle et probablement les muscs. Le résultat est un Musc Ravageur toujours identifiable, mais bien faiblard, aux épices en sourdine, et où prédominent maintenant la coumarine, la vanille et l'héliotrope. Un musc moins diffusif, moins dense et moins gras... bref, qui a perdu tout son caractère ravageur. Quand les plus grandes fragrances s'inclinent devant la bêtise de directives qui mettent en péril tout un pan de la culture française et de l'Histoire, ça donne ça : Musc Ravagé.
Adeptes de Musc Ravageur, ruez-vous dans les petites parfumeries de niche qui distribuent Frédéric Malle pour dénicher les derniers flacons de la version initiale encore en stock.


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Dans les reformulations désastreuses de 2012, réservera tout de même une mention spéciale à Interparfums qui vient de signer "un accord mondial de licence pour la création, la fabrication et la distribution des parfums sous la marque Balmain pour une durée de douze ans à effet au 1er janvier 2012" (source : interparfums.fr) et qui, pour fêter cela, a décidé de reformuler Ivoire par un magnifique tour de passe-passe qui consiste à passer d'un aldéhydé vert à un chypre fruité délavé et sans personnalité. Et ils pensaient que ça allait passer inaperçu ? Honteux !
Peut être l'une des pires reformulation de tous les temps ; même LVMH n'avait pas été jusque là (alors que l'imposture de Miss Dior Chérie à la place de Miss Dior était déjà d'un level plutôt élevé) !


~ ~ ~ Ouverture du Bistro de la Beauté ~ ~ ~
Originaire de la région Annécienne, je n'ai pu qu'être fou de joie à l'idée de voir s'ouvrir une parfumerie de niche digne de ce nom dans la plus belle ville des Alpes (et l'une des plus belle de France, avouons-le !). Le Bistro de la Beauté, c'est son petit nom, est une petite boutique conviviale où l'on prend son temps en papotant avec Valérie, la maitresse des lieux, très professionnelle et accueillante, autour de verres remplis de parfums. Si vous lui rendez visite, elle vous présentera des marques de niche auparavant très difficiles, voire impossibles à trouver dans la région : The Different Company, Diptyque, les Editions de Parfums Frédéric Malle, les parfums By Terry et tout récemment, fraichement arrivés, Parfum d'Empire.
Je souhaite un grand succès à cette boutique très prometteuse, et une excellente année 2013 à Valérie et Rémi qui vous accueilleront toujours avec un sourire radieux !

Le Bistro de la Beauté (source : beauté-addict.com)



~ ~ ~ Madonna vs. Gaga ~ ~ ~
 L'une sort "Truth or Dare", l'autre "Fame".Un blanc, un noir. Le premier est une tubéreuse caliente et caramélisée, les seins en avant, la langue au coin des lèvre et au regard de garce, le second un jus de fraise où se dissout une tablette de lessive, arrosé d'une rasade d'assouplissant. L'un s’annonçait déjà comme un bel hommage à Fracas tandis que l'autre, suite à un habile coup médiatique, promettait de renfermer des notes de sang et de sperme.
 Madonna 1 - 0 Gaga
Fame vs. Truth or Dare


~ ~ ~ Nose ~ ~ ~
"Wouaaaaaahhhhhh, c'est trop swag de choisir son parfum sur iPad !"
Nouvelle parfumerie, nouveau concept, mais des marques bien connues : Diptyque, l'Artisan Parfumeur, Heeley, Juliette Has a Gun (Romano Ricci étant l'un des fondateurs de la boutique), By Kilian, Miller Harris...
Le lieu est, tout comme le concept, placé sous le signe de la modernité : de la musique un peu forte, un vaste espace aux inspirations industrielles, blanc, noir, métallique et froid... comme les vendeurs qui risqueraient, semble-t-il, de s'écorcher la bouche par un simple "bonjour". Quant au FAMEUX logiciel sur iPad sensé trouver les parfums qui vous conviennent, il est à prendre avec des pincettes (testé et pas approuvé pour un sous !) ; préférez plutôt vous rendre dans cette boutique lorsque vous savez ce que vous cherchez, ou bien pour aller y découvrir certaines marques difficiles à trouver ailleurs à Paris comme Lorenzo Villoresi par exemple. Pas la peine de vous y attarder bien longtemps, de flâner, car vous aurez l'impression d'encombrer l'espace et de déranger les vendeuses qui veulent TOUJOURS prendre le flacon qui se situe derrière vous !
Le parfum, c'est avant tout du contact, de l'histoire, un échange, et pas des statistiques sur tablettes tactiles !

 Alors si vous décidez quand même d'aller y faire un tour (et je vous y encourage !),rendez-vous ensuite, non loin de là, chez Arôma, et discutez avec le sympathique propriétaire. Vous verrez la différence : rien ne vaut le contact avec les gens !


~ ~ ~ Tendance Gardénia ~ ~ ~
Fini le Oud ? Peut être pas, certains y croient encore, et les retardataires sortent, à leur tour, le leur ! Cependant, il est clair que cette tendance s’essouffle, et comme toute tendance qui part, une nouvelle vient prendre sa place. Et le digne successeur de ce bois animalisé que l'on ne présente plus semble être une fleur pas moins exotique et de caractère, il semblerait que ce soit le gardénia !
Fleur blanche narcotique pas inconnue de la parfumerie, dense et lourde, qui joue sur des notes de tubéreuse, de poire cuite, d'épices et d'animalité suffocante et envoûtante, le gardénia a été mis, entre autres, à l'honneur en 2012 chez Serge Lutens avec Une Voie Noire, hommage à Billie Holiday, et dans le Boutonnière No7 d'Arquiste, qui le dédie audacieusement aux hommes. On sait aussi que quelques marques on récemment travaillé sur le sujet. A suivre, donc, en 2013, pour savoir si cette tendance émergente s'affirmera ou avortera !



~ ~ ~ Présentation du nouveau "Grand Féminin" chez Hermès ~ ~ ~
Ellena à bout de souffle ? Quand on sent un truc pareil et quand on connait les précédentes créations du maitre, forcément on devine a quel point Jour est un projet auquel il croyait et dans lequel il s'est investi. (#ironie)
Jean Claude Ellena se targue souvent, dans ses conférences et ses interview, d'avoir le champ libre à 100% dans ses créations pour Hermès, allant jusqu'à imposer lui même les noms des parfums. Avec Jour (et l'Ambre des Merveilles), on est en possession d'un beau contre-exemple !
Tout sonne faux dans ce parfum. Un floral vague, indéfinissable, et fruité pour toucher aussi bien la jeune femme hype que sa mère, grande bourgeoise et adepte de la marque. Ben oui, c'est ce qui plait ! La maison Hermès n'est pas folle vous savez, elle veut frapper fort et sortir un Terre au féminin, et pour ne pas se mouiller, quoi de plus simple que de prendre la tendance et d'y enlever ce qui rend toutes les sorties actuelles dégueulasses : le sucre !
Bonne idée, MAIS... Mais peut être ne faut-il pas déglucoser intégralement un parfum pour se démarquer ! Car on est en possession d'un bel exemple, ici, de l'insipide floral-fruité, complètement inintéressant, voire même dissonant. Allez, même sous la contrainte, Jean Claude Ellena aura essayé de placer sa poire dont il nous parle tant dans son Journal d'un Parfumeur. Bon, ben personnellement, j'arrive à un point où la "suggestion" ne vaut pas le "concret". Une poire si délavée et fadasse, c'est pas possible. Ça manque de jus, ça manque d'âme, ça manque de vie... Personnellement, je préfère redécouvrir l'élégante originalité de l'Eau de Gentiane Blanche, du temps du Grand Ellena, avant ce Jour qui sonne plutôt comme la fin d'une ère Ellena chez Hermès, comme si la boucle était bouclée.
"Jour", ou "le crépuscule d'une collaboration prolifique, remarquable et mémorable".


~ ~ ~ Piguet se lâche  ~ ~ ~
 Pas moins de 9 lancements en un an, ou "comment décrédibiliser une marque honorable et plutôt fragile". Robert Piguet est à la niche ce qu'est Rochas au mainstream : une marque qui vit sur ses classiques qui font figure d'icône, et qui lance des nouveauté sans y croire et de façon anarchique au risque de finalement tout perdre. Et si seulement les fragrances lancées avaient un minimum d'intérêt ! Oud, Casbah, Petit Fracas, Mademoiselle Piguet, Notes, Chai, Blossom, Jeunesse et le révulsant Bois Noir noient les beaux et grands classiques Fraca, Bandit, Baghari et Cravache dans un raz de marée de matières synthétiques aux notes dérangeantes, piquantes et tout sauf luxueuses pour une maison qui se veut haut de gamme.
Autant dire que ces matières de synthèse misent en flacon ne valent absolument pas leur prix et ressemblent, de loin, à un suicide !

(source : cafleurbon.com)


~ ~ ~ La Vie est dure...  ~ ~ ~
... pour les nez fins des perfumistas avertis depuis quelques temps.
Il n'y a pas un quai de métro, un wagon de train, une ruelle ou une salle de classe sans que l'on sente ce sillage toxique, collant et nucléaire qui encolle les narines. On pensait peut être avoir touché le fond avec les Jimmy Choo, Juicy Couture, Lady Million et autres FlowerBomb, mais il semblerait que d'autres creusent encore... Non pas pour trouver du pétrole, mais plutôt de l'éthyl maltol, tout aussi poisseux, tenace et collant, et tout aussi lucratif !
La blague ne s'arrête pas au beau mensonge des "belles matières naturelles" qui le composent en proportion inédite (7,5%, allez-y, vous pouvez rire !) elle va jusqu'à promettre une autre voie pour s'affranchir des diktats et des conventions. Quelle foutaise, Lancôme nous prend pour des cons et les gens aiment ça. Ça marche du feu de Dieu !

A voir absolument, cette vidéo où Anne Flippo, Olivier Polges et Dominique Ropion, débordants d'enthousiasme, nous parlent de leur bébé (ne vous inquiétez pas, on vous adore toujours malgré ça !)


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Bien sûr, faire le tour de tous les évènements parfumés de l'année qui vient de s'achever prendrait un temps fou, c'est pourquoi je me suis attardé sur les évènements les plus marquants.
J'ai probablement oublié beaucoup de choses, c'est pourquoi je rajouterais dans cette liste non exhaustive le lancement de la très belle et prometteuse gamme de parfums de la bijoutière Ann Gérard, l'annonce de la résurrection des parfums Corday, mais aussi l'édition, à titre posthume, de la magnifique interprétation de la Rose Etoile de Hollande, mise en flacon par la magnifique et talentueuse Mona di Orio, disparue il y a un an. 2012 aura aussi l'année des 100 ans de l'un des plus illustres parfums Guerlain, mais aussi de l'Histoire de la parfumerie Française : l'Heure Bleue.
Denyse Beaulieu, du blog Grain de Musc, nous aura dévoilé son livre "The Perfume Lover", bientôt traduit en français, et dans lequel elle parle notamment de son rôle d'inspiratrice du parfum Séville à l'Aube chez l'Artisan Parfumeur, une magnifique fleur d'oranger magistralement orchestrée par le prolifique Bertrand Duchaufour.
La maison Diptyque a, quant à elle, décidé de changer la présentation de ses flacons et d'opter pour l'ovale, emblème de la maison. Elle décide aussi ENFIN de lancer un parfum cohérent et très signé Diptyque qui s'inscrit parfaitement dans la gamme après diverses sorties oubliables et décevantes : Volutes, nouveau départ ou final en beauté d'une maison ?
Complètement à contre courant, comme toujours, et on adore ça, la rock'n roll Vero Kern nous a dévoilé son irrésistible et pétillant Mito (j'espère y revenir très vite dans un article), chypre vert floral rieur et plein de joie. Jouissif !
Cartier a lancé une nouvelle heure baptisée l'Heure Vertueuse, qui réinvente le vert en parfumerie, en le rendant tiède et infusé, ainsi qu'une version eau de toilette de Baisé Volé, et une audacieuse rose poivrée et boisée pour homme, Déclaration d'un Soir.
Thierry Mugler nous a offert un énième flanker d'Alien, mais pas des moindres : une versionEssence Absolue, caramélisée à souhait, tout simplement divine et parfaitement maitrisée par Dominique Ropion.

Et vous, que retiendrez-vous de cette année mouvementée ?

Wazamba, Parfum d'Empire - Résines brûlantes...

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Wazamba, de la maison Parfum d'Empire, renoue un lien fort avec les origines du parfum : la fumée et la consumation de résines, moyens privilégiés pour communiquer avec les dieux.


Dès qu'on appuie sur le vaporisateur, c'est tout un monde en bleu d'encre et de feu qui se déverse en flot autour de nous ; vagues d'images kaléidoscopiques tout droit sorties de notre imagination. Un ciel de nuit noire dans lequel se perdent les buchettes incandescentes et virevoltantes d'un feu, sauvage et ronronnant, autour duquel dansent en saccades et de façon endiablée, sorciers, prêtres embaumeurs, cardinaux, moines bouddhistes et pythies...

Feu - source : atelierdecreationlibertaire.com

Sur la peau, c'est une incandescence brûlante, qui enveloppe le corps et l'âme dans un jus bouillonnant de résines et de bois en fusion. L'encens et la myrrhe, poivrés et anisés, se mêlent au ciste labdanum crépitant et enivrant, et qui donne au parfum sa personnalité et tout son effet brûlant. Le cyprès, à l'odeur résineuse, relève cette spirale de fumeroles divines d'une pointe verte, comme pour suggérer une terre foulée sans ménagement par les pieds des fidèles autour du feux sacré. Foulée au point que la terre suinte, de toutes parts, des résines odorantes.

Wazamba, Parfum d'Empire - photo© Musque-moi

Les chants rituels, les râles d'invocations divines, les salves de claquements de pieds et de mains... Dans la goutte de parfum, qui descend le long de mon poignet, pulse en sourdine une énergie débordante qui ne cherche qu'à exploser. On sent le parfum s'insinuer sous la peau, et, dans un battement régulier, échauffer l'épiderme et créer une aura magnétique et brûlante ; véritable bouclier. Concentré d’Afrique, d'Orient et d'Occident, la goutte sacrée, divine, laisse sur la peau une trace profane, mortelle : une esquisse d'animalité suggérée par une note de castoréum, peut être, et qui évoque l'Homme, terreau fertile dans lequel s'ancrent toutes ces évocations célestes.


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Wazamba de Parfum d'Empire, par Marc Antoine Corticchiato. Disponible en 50 ou 100mL.

Incense Avignon - Comme des Garçons

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Contrairement à Wazamba et ses multiples résines nous faisant voyager de religion en religion, l'oliban, presque en solinote, d'Incense Avignon, est un hommage aux cathédrales flamboyantes et aux églises solennelles.

D'épaisses volutes sortent d'un encensoir d'argent posé sur l'autel. La fumée, qui s'élève au son des chants grégoriens, se dirige vers la coupole et se cogne aux saints des vitraux multicolores, arborant des regards vides aussi froids que le verre. La messagère divine cherche à tout prix la sortie, faisant couler ses méandres le long des colonnes et des piliers, pour redescendre dans la nef en se chargeant d'une minéralité presque aseptisée, à l'odeur à la limite du savonneux.
L'encens pénètre l'esprit des fidèles comme une drogue, pour s'insinuer au plus profond de leurs âmes ; la grâce de Dieu se déverse sur la chaire impie. La fumée âcre prend à la gorge et ébahit le regard de l'assemblée, qui chante à l'unisson, assise sur les rangées infinies de banc en bois lustré et patiné, dans cette atmosphère liturgique saturée de résines en combustion.

Incense Avignon - photo© Musque-moi ; fond : L'Herbier Parfumé.

Si l'on peut reprocher à Wazamba la radicalité de ses matières, l'incandescence de son labdanum, Incense Avignon fait aussi figure d'encens radical. Cependant plus fondu et enrichi d'une vanille et de muscs confortables et très légèrement dosés, cet encens mystique, orchestré par Bertrand Duchaufour, ne perd pas de son austérité. Il se fait simplement plus humain.
Plus portable, sûrement, mais aussi, malheureusement, un peu plus synthétique.  

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 Incense Avignon, série 3, Comme des Garçons - eau de toilette 50mL

L'Eau Froide - Serge Lutens ; Encens de glace ...

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Il n'y a plus matière à débattre : l'Eau était un échec, une erreur, tandis que l'Eau Froide est une vraie réussite.

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, l'encens n'est pas si rependu que ça dans les créations de Serge Lutens ; fondu dans "Serge Noire", très travaillé dans "Fille en Aiguille", en duo avec la lavande dans "Encens et Lavande", ou faisant quelque fois office de second rôle.
En 2012, Monsieur Lutens nous offre une nouvelle composition autour de cette résine sacrée et une déclinaison autour de son "Eau" qui avait tant fait jaser.

L'Eau Froide, Serge Lutens - photo© Musque-moi

Pour mettre en flacon cet élixir givré, les deux compères - Lutens et Sheldrake - se sont retirés dans les salles obscures et froides d'une grotte vieille comme le monde. Dans cette atmosphère glaciale et minérale, dans cette cathédrale de pierre, entre les alignements de stalactites, sur un autel de pierre froide, ils ont laissé parler leurs inspirations. Dans ses mains, Serge Lutens tenait l'encens et l'idée, dans les siennes, Christopher Sheldrake tenait le savoir et l’expérience.

Sur l'autel de pierre, lisse et froid comme la banquise, ils déposèrent une poignée de perles résineuses, mates et ternes, semblables à des petits cailloux. Au contact de la surface gelée, la magie opéra : comme lorsqu'il touche la peau, le froid si mordant devint une chaleur insoutenable.
Alors, instantanément, dans un éclat bleuté et cristallin qui éclaira les voûtes de la grotte, les larmes d'encens se mirent à crépiter et se consumer. Se lamentant et pleurant toute sa souffrance dans un cri désincarné sous l'effet de ce brutal renversement de température, la résine se mit à laisser s'échapper les volutes odorantes si convoitées qu'elle gardait, jalousement et secrètement, en elle.
La fumée s'éleva avec lourdeur, et dessina, dans l'air ambiant juste au dessus de la table de pierre, des arabesques épaisses et cotonneuses gris perle aux reflets d'un bleu glacial qui illuminaient les yeux écarquillés des deux expérimentateurs.

Une fois que les fumeroles atteignirent une hauteur suffisante, assez éloignée de l'autel où la combustion offrait une chaleur plaisante et bienfaisante, elles furent rattrapées par le souffle froid et austère. Instantanément, elles se condensèrent en une pluie de gouttelettes solidifiées et cristallines que les deux hommes se dépêchèrent de recueillir dans un réceptacle fait d'un lit de feuilles d'eucalyptus et de menthe, sur un coussin moelleux de muscs blancs, coupés d'une eau des plus pures provenant d'un torrent glaciaire.
C'est au contact de ces quelques ingrédients, méthodiquement choisis, que la lente infusion se mit en place. La chaleur des muscs fit fondre, lentement, la glace d'encens, sans lui faire perdre sa froideur opalescente, pour la mêler au bouquet de feuilles fraîches et camphrées, et pour lui donner une forme liquide, claire comme de l'eau de roche.


Ainsi, Serge Lutens et Christopher Sheldrake mirent en flacon les blizzards tonitruants, les eaux glaciales des torrents et l'encens dans toute sa froideur.

Lorsque vous déboucherez un flacon de l'Eau Froide, vous serez saisis par cette envolée glacée et poivrée, qui magnifient la minéralité de l'encens tout en accentuant son souffle givré. Puis, sur peau, vous serrez étonnés de voir la simplicité qui en émane, et le confort insoupçonné que cette eau procure en se mêlant lentement aux muscs propres.


Une eau très Lutens, à porter par une journée glacial ou par temps de canicule !


Olfactorama 2012 - Les passionnés parlent d'une même voix ...

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Il y a 6 ans naissait celle que l'on appelle communément "la blogosphère parfumée". 

Les passionnés des odeurs, les déglingués du vapo, les fous du flacon, décidaient, petit à petit, d'ouvrir leurs blogs, entrainant avec eux des vagues de lecteurs eux même passionnés ou tout simplement curieux et qui allaient à leur tour se sensibiliser pour la parfumerie de qualité et acquérir un regard critique de véritable connaisseurs.
Billets d'humeurs, critiques fines et pertinentes, coups de gueule et coups de cœur... toute cette communauté analyse et scanne chaque sortie, niche ou mainstream, chacun selon ses goûts et ses envies, en se rendant sur les blogs, donc, mais aussi les forums et blogs participatifs, comme Auparfum ou Beauté-Test.

Olfactorama, photo© Musque-moi

Je me suis passionné à ce point pour le parfum grâce, entre autres, à tous ces blogs bien plus anciens que Musque-Moi, que je parcourais avec délectation et envie dans ma campagne loin de toute parfumerie digne d'intérêt ; et les blogueurs derrière ces articles sont, par la suite, devenus des amis, très proches pour certains.
Je dois bien l'avouer, c'est grâce à eux, vraiment, que j'en suis ici à l'heure actuelle : à mon tour blogueur mais surtout sur la voie de faire de ma passion un métier.

C'est donc tout naturellement que quelques blogueurs ont eu l'idée de créer un "prix", pour unir non seulement leurs voix, mais aussi celles des lecteurs et autres passionnés, pour faire entendre au marché et aux consommateurs que dans les milliers de lancements annuels se cachent des créations dignes d'intérêt et qui font honneur à la parfumerie. C'est aussi l'occasion, ne nous en cachons pas, de tous nous retrouver et passer un bon moment autour de notre sujet préféré.

Bon, assez parlé, voici donc ce qu'il en est, de ce "prix des passionnés" :

L'Olfactorama, comme il a été baptisé, regroupe dans son jury trente-six personnes qui auront à voter et débattre pour élire les parfums qui ont marqués 2012 !
Pour ce faire, les deux grandes sections, niche et mainstream, ont été chacune divisées en deux pour donner quatre prix différents :

Le Prix du Grand Féminin&le Prix du Grand Masculin (pour le mainstream)

Le Prix de la Virtuosité et le Prix de l'Enthousiasme (pour la parfumerie alternative)


Viennent s'ajouter à ces quatre catégories, regroupant l'ensemble de la parfumerie dite "fine", deux listes supplémentaires (et complémentaires !) ; l'une pour le Prix Atmosphère, rendant hommage à un autre grand secteur de la parfumerie - les parfums d'ambiance, et l'autre pour le Prix Focus, mettant en avant les initiatives autour du parfum.
Pour connaitre les nominés de chacune des listes citées précédemment, je vous invite à vous rendre sur le site de l'Olfactorama, où vous trouverez aussi, en détail, les explications autour des votes et des sélections.

A l'heure qu'il est, tous les jurés ont reçu la liste des parfums qu'ils devront tester avec attention pour effectuer leurs votes. C'est un projet aussi excitant que passionnant qui fait frétiller la blogosphère, et c'est avec plaisir que je vous tiendrai au courant de l'avancer de cet Olfactorama 2012, en vous donnant bientôt les dates des résultats.

Chers amis lecteurs et passionnés du parfum, bonsoir !



Une envie de printemps ? - Sélection

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Voilà qu'il neige encore et que les températures ont à nouveau chuté ! Au moment où j'écris ces lignes, quelques légers flocons se remettent à tomber sur Paris.
Le temps gris et froid commence sèrieusement à atteindre le moral, et tout le monde ressent, à cette époque, un besoin intense de soleil, d'air tiède et printanier, de verdure fraîche et tendre... Alors, en imaginant ces belles journées agréables d'insouciance et de joie de vivre, on pense déjà aux parfums qui pourraient nous accompagner d'ici quelque temps.

Voilà ma petite sélection pleine de fraicheur, d'insouciance et de verdeur qui me fait rêver d'une saison qui se laisse désirer :

Infusion d'Iris me manque, avec son amertume un peu verte, de lentisque et de néroli, associée à cet iris tendre et très "peau"; confortable et aussi bien décontracté que chic et bien peigné, cet iris savonneux et faussement propre tire plus vers la mousse du bain restant au fond de la baignoire que vers la savonnette tout juste sortie de son emballage. Un moyen de porter un parfum propre en apparence, mais qui a la capacité de coller à la peau et de faire corps, fusionner avec elle ; une qualité essentielle pour les personnes comme moi ne supportant pas les compositions aseptisées qui représentent plus un boulet à trainer derrière soi plutôt qu'un pull en cachemire dans lequel on se sent bien.
Mandarine,muscs blancs, encens, cèdre... toute la composition inspire à la détente à la campagne, les pieds nus dans l'herbe, allongé entre les violettes au soleil en regardant le ciel bleu où s'étirent quelques nuages et le nez dans le creux d'un cou tout propre où il fait bon se blottir.

Toujours dans les notes vertes et très "pieds dans l'herbe", la Cologne de Mugler, véritable OPNI (Objet Parfumé Non Identifié) dans la gamme du designer, nous souffle aussi un air de printemps. Petite pépite dans la parfumerie mainstream et bulle d'air bienfaisante au milieu des sorties qui ont délaissées ce style, cette Cologne très urbaine est bien trop souvent délaissée, oubliée. Quel plaisir, chaque année, de retrouver cette eau fraîche et tenace, acidulée et proprette, surdosée par un cocktail de muscs blancs lui apportent un effet très confortable. A ne pas laisser de côté aussi en été, pour revenir de la piscine, pour une balade en ville ou pour partir en pique-nique à la campagne !

Envie de printemps ? - photo© Musque-moi !


Et lorsque les beaux jours reviendront, viendra le moment de ressortir les agrumes vivifiants, tonifiants, pétillants, comme le pamplemousse par exemple, qui me fait de plus en plus envie. J'ai, depuis quelques temps, l'Eau de Pamplemousse Rose d'Hermès dans le viseur, mais j'ai aussi eu le plaisir de découvrir, il y a peu, le nouveau parfum de la marque Olfactive Studio : Flash Back.
Très moderne, la fragrance, vibrante et acidulée, s'ouvre sur une une envolée de pamplemousse, de rhubarbe et de pomme verte, laissant peu à peu la place à un vétiver sans prétention, ni trop terreux, ni trop insipide. Signé Olivier Cresp, ce "néo-boisée fruité" très classique se place entre l'Eau de Pamplemousse Rose, justement, et Terre. Il garde cependant une personnalité qui lui est propre grâce à la légère note fruitée qui persiste étonnement longtemps.
Une eau légère à réserver pour les belles journées en plein air, sans prise de tête, ou tout simplement pour aller au bureau !

Chypre indispensable toute l'année, et encore plus au printemps, Miss Dior (l'Original, bien sûr !) dans sa version actuelle est une belle option pour les journées ensoleillées où l'on a envie d'un parfum "habillé" mais dans lequel on ne se sent pas engoncé ! En eau de toilette pour la journée ou en "esprit de parfum" pour le soir, il est aussi irrésistible sur un foulard en soie noué autour du cou pour elle, que sur le col d'une veste chinée anthracite pour lui.

Enfin, pour voyager un peu, pour rêver d'air méditerranéen, de vacances, d'évasion le temps d'une vaporisation, l'Artisan Parfumeur s'apprête à sortir une fragrance s'intégrant dans sa nouvelle Collection de Grasse : Caligna ( "courtiser" en provençal !)
Caligna de L'Artisan Parfumeur
Véritable invitation à une promenade dans l'arrière pays grassois, cette association intime de figuier très léger, de jasmin travaillé en marmelade, et de notes vertes et lumineuses, est dominée par une matière bien mal connue : la sauge sclarée.
Et quelle qualité ! Une extraction bien spéciale, extraite au CO2 et enrichie (je vous épargne les détails de la méthode d'extraction), qui lui confère une tête plus aérienne et n'altère en rien ses facette les plus sombres, animales, foin et "poils de chèvre". Dans le parfum, Dora Arnaud l'a fondue parfaitement au reste, au point que la sauge apparait en note principale mais surtout donne une structure bien particulière au parfum : l'essence de sauge me donne l'impression de deux couches superposées, entre lesquelles se trouve un espace de vide où passent différents filets évanescents, passant d'une couche à l'autre, semblables à des déchargent électriques bleutées. La couche du dessus, qui survole l'ensemble en lévitation, est fraiche et légère, verte, tandis que celle du dessous est plus sombre et compacte, au caractère affirmé, et semble insaisissable, indéchiffrable, impalpable. Et Caligna a exactement la même apparence, dans mon esprit. (Non, je ne suis pas fou et je n'ai rien pris comme drogues !)


Alors on fait quoi, on attends les beaux jours pour les porter, ou bien on ne se prive pas et on fait un pied de nez à l'hiver ?


L'Homme au parfum - Qu'est ce que je mets avec ma cravate ?

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A toi, cher banquier-avocat-trader-homme-d'affaire. 
(et à tous ceux qui ne sauraient pas quoi porter comme parfum avec une cravate, un noeud papillon ou une simple veste !)


Non, il n'est pas difficile de trouver un bon parfum, sobre et élégant, pour aller travailler ou pour fignoler ta tenue du dimanche ou de grande occasion.
Non, Terre, Déclaration, Dior Homme et Bleu ne sont pas les seuls parfums qui s'accordent à ta cravate, à ta chemise impeccable et à ta veste de costume ou ton blazer.
Non, tu n'es pas obligé de faire COMME TOUT LE MONDE !

Oui, il est facile de suivre la mouvance, en écoutant le discours des vendeuses abruties par les marques ou en choisissant le même parfum que ton collègue après lui avoir demandé ce qu'il porte : "Terre, d'Hermès, évidemment !"

Cristina Cordula - source : m6pub.fr
Tu n'as pas envie de te démarquer ? De paraitre quelque peu unique, singulier, au moins par ton parfum ? De ne pas faire de "perfume faux-pas" entre ta tenue et ta fragrance ?
C'est pour ça que j'ai décidé de revêtir mon costume de Cristina Cordula, et compiler dans cet article quelques voies possible pour que le banquier-avocat-trader-homme-d'affaire comme toi puisse trouver "parfum à son cou". [fonctionne aussi avec : les témoins de mariage, les mariés, les invités à diverses inaugurations, buffets et repas mondains, cavalier de bal de fin d'année... ]

Pour tous les audacieux, les flemmards et les hommes à la recherche d'exception, voulant se démarquer, je vais vous conseiller ci-après quelques parfums répondant au style "sobre", "habillé", "parfait", souvent réclamé pour aller travailler, mais aussi d'autres fragrances plus originales et décalées, qui restent cependant raccord avec le style "Suit & Tie".


L'esprit du gris - Eau de Gentiane Blanche, Hermès

source : handsomegents.tumblr.com
LE parfum indissociable de la veste en tweed et de l'anthracite !
Sobre, élégante, subtile, raffinée, cette eau joue sur l'amertume (effet plutôt rare dans les parfums) de la racine de gentiane, très peu utilisée en parfumerie, en évoluant dans une palette de gris et tout en donnant un rendu très "matière textile".

Amertume et gentiane ; déjà deux bons points pour ce qui est de l'originalité !
Un cocktail de muscs irisés lui confère une tenue quasi infinie sur les tissus, et apporte un effet confortable très agréable.
Cette Cologne "nouvelle génération", réinterprétation du style, est un boisé différent, au traitement purement Ellena ; moderne et impeccable, dans laquelle souffle un esprit vintage. Complètement en phase sur un papa aux cheveux poivre et sel, ou carrément décalé dans le sillage d'un jeune cravaté à peine sortie de l'école, ON DIT OUI quoiqu'il arrive !


Le classique de goût - Bornéo 1834, Serge Lutens

Quoi de mieux qu'on patchouli, au sillage sombre et mystérieux, à peine voilé de cacao et de note torréfiées, pour accompagner le flottement d'une cravate noire et le claquement d'un revers de veste assortie ?
source : handsomegents.tumblr.com
Boisée, très masculine et racée, cette essence de patchouli indonésien, aux accents de sous bois et d'écorce, a été travaillée de façon à ce que son envolée camphrée naturelle soit un peu plus exacerbée. Sauvage et brut, ronronnant et caractériel, Bornéo 1834 est irrésistible et grisant par sa note de cacao, ce qui le rend agréable à porter, malgré un départ à la limite du dissolvant ou du plastique, et qui pourrait bien surprendre.

On pourrait dire que A*Men de Mugler, voire même Angel, jouent dans le même registre, mais Bornéo 1834 a cette profondeur mystérieuse et cette noirceur typique des création Lutens qui sied particulièrement bien au style "veste et cravate". Bien moins sucré que d'autres patchoulis de la parfumerie traditionnelle, plus "habillé", ce n'est pas le plus connu de la gamme Serge Lutens et il ne se trouve QUE aux Salons du Palais Royal. C'est pourquoi il ravira ceux à la recherche d'exception et de rareté sans fioritures, tout en restant dans un registre plutôt classique.


L'intello décontracte -Infusion d'Homme, Prada

source : http://fr.elle.be
Une sophistication subtile et réfléchie, celle d'un iris en infusion de bois et de fleurs, savonneux et charnel.
Oui, il est banquier-avocat-trader-homme-d'affaire, mais les costumes ce n'est pas pour lui. Quand il peut, il fait tomber la veste et la cravate et fait sauter le premier bouton de sa chemise blanche. A l'occasion, il la préfère en lin. A l'occasion, il la cache sous un confortable pull en cachemire. Ah, on respire !
Et puis, son parfum lui rappelle l'odeur de la peau de sa belle, chauffée par le soleil printanier du mois de mai, alors qu'ils passaient leurs vacances dans la campagne fraiche, entre les jonquilles et les rosiers tout juste en fleurs ! Tout n'est qu'invitation à la détente et à la simplicité dans Infusion d'Homme, et puis, parfois, il se laisse tenter par le flacon de madame : Infusion d'Iris !


Le charmeur aguicheur - Portrait of a Lady, Frédéric Malle

source : handsomegents.tumblr.com
Un peu grande gueule, sûr de lui, mais pas pour autant idiot et insupportable, c'est un homme de goût, qui sait ce qu'il fait et qui ne choisit rien au hasard. D'ailleurs, il porte un parfum qui lui colle à la peau et qui fait des émules : Portrait of a Lady. 
C'est un peu comme s'il était le complément de sa personnalité, contrebalançant sa timidité.
Lorsqu'il passe, on ne sent que lui, et jamais dans les yeux de ceux qui le sentent on ne voit de gène et de dégout. Plutôt un sentiment intrigué, presque d'admiration et d'envie. Pourtant, on dit que les philtres d'amour n’existent pas !

Quoiqu'il en soit, porter de la rose et quelques fruits rouges ne l'effraie pas ; ça l'amuse même. D'ailleurs, le patchouli, l'encens, le poivre et l'ambre gris suffisent à donner du caractère à l'ensemble, et à booster cette bombe olfactive qui, au final, n'est pas plus féminine que masculine. Et puis lui aussi en est sous le charme, de son parfum.

Il se force tout de même à ne pas mettre plus d'une vaporisation derrière chaque oreille, au risque d'étouffer le bureau et se faire trop remarquer si la dose est trop forte. La beauté d'un tel parfum réside justement dans la capacité à le doser, de façon efficace et suffisante.


 Teintes marron et touches de cuir - Duel, Annick Goutal

Gants, blousons, montre, ceinture... une touche de cuir est toujours la bienvenue. C'est aussi valable dans les parfums, surtout quand là où on ne l'attend pas !
source : source : handsomegents.tumblr.com

Dans un hespéridé vert pétillant par exemple !
Entre les notes de citron, de petitgrain (feuille de citronnier), d'absinthe et de maté entremêlées, s'insinue une note de cuir racé et doucement fumé.
Entre détente et sophistication, Duel est audacieux et sensuel à la fois. "Impeccable [...] Retenue, mesure, précision, concision", voilà comment le qualifie Dau dans un article sur son blog "à la recherche". Autant dire que c'est le parfum du gendre idéal, à la manière de Terre ou Déclaration, par exemple, mais avec une touche de folie en plus, moins convenue peut être, quoique plus proche d'une Cologne classique. Je le comparerais personnellement à Eau Sauvage, où le fond chypré se serait cuiré et où l'estragon aurait laissé sa place au maté.

Parfait pour le bureau, je le verrais cependant plus comme parfum du dimanche pour diner en famille, ou pour se promener à la campagne.


Noeud pap' - Nuit de Tubéreuse, l'Artisan Parfumeur

source : nicoleta-vlad.tumblr.com
Le retour du noeud papillon, bien plus populaire outre Atlantique, s'est fait par l'utilisation de couleurs audacieuses et souvent plutôt décalées. Il s'est même plus ou moins popularisé dans les tenues de tous les jours, mais toujours dans un esprit de décalage, plutôt avec un pull, qu'une veste par exemple.

On continue donc de jouer dans ce sens en optant pour un parfum tout aussi décalé, osé, chic et coloré : Nuit de Tubéreuse, avec son orange sanguine juteuse, sa tubéreuse introuvable et son effet "sciure de bois" très original.
Frais et à peine fleuri, cette fragrance n'a de tubéreuse que le nom, tant elle n'y est pas percevable. Elle emprunte cependant à la fleur, narcotique par excellence, un effet charnel en arrière plan, qui fait corps avec la peau et évoque quelques notes lactée et vénéneuses. Comme un caléidoscope coloré et hypnotique, Nuit de Tubéreuse évoque à merveille les nœuds papillon colorés et dont la fraîcheur apparente ne joue pas dans la surcharge !



Le goût de l'odorat - Les notes amères

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Entrez dans une parfumerie, fermez les yeux…
Des notes agréables viennent vous chatouiller les narines : caramel, pralines, fruits rouges dans la plupart des cas ; odeurs florales, ambrées ou boisées dans les lieux un peu plus sélectifs. Les notes perçues sont de celles qui  donnent l’eau à la bouche - ou flattent le nez. Cependant, à y regarder de plus près, les parfums regorgent de notes plus dérangeantes, plus difficiles ; parmi celles-ci se trouvent les notes à la tonalité amère.

Ces notes sont très peu mises en avant, et pour cause : la parfumerie actuelle joue beaucoup sur les saveurs venues de l’enfance, celles qui sont adorées d’entrée de jeu par les petits : gâteaux, confiseries, chocolat… en un mot : le sucré ! A l’opposé, l’amertume n’est pas spontanément plaisante et nécessite un apprentissage pour être appréciée ; elle est donc considérée comme étant moins attractive, donc moins vendeuse.

Pourtant, de nombreuses matières, courantes en parfumerie, comportent des facettes amères !
En premier lieu, les notes vertes et aromatiques (galbanum en tête, mais aussi la feuille de tomate, l’angélique…), puis certaines notes boisées (vétiver, patchouli…), et enfin quelques hespéridés (notamment le pamplemousse et sa facette zestée…).

Souvent, cette amertume est utilisée pour renforcer les notes vertes et donner une sorte de « tension énergique »à la fragrance, ou encore évoquer la sève. C’est principalement le cas du galbanum, dont l’amertume verte et cinglante est mise à l’honneur dans Vent Vert de Balmain, ou utilisée en association avec des notes florales dans Cristalle de Chanel.

Une autre utilisation courante est la création d’un effet « herbes séchées » ou « feuilles aromatiques », pour évoquer des réminiscences de vacances à la campagne ou de flânerie dans un jardin ombragé. Comme dans l’Été en Douce de l’Artisan Parfumeur, où les facettes amères du tilleul et de la fleur d’oranger font glisser l’imagination vers une promenade en fin d’après-midi au milieu des bottes des foin et de l’herbe grillée par le soleil estival ; ou l’Eau de Campagne de Sisley dont le galbanum, le basilic et la feuille de tomate apportent une tonalité végétale et ombragée à cette composition verte et aromatique.

Mais l'amertume, c'est également l'évocation du poison ! 
Notre réticence devant les notes amères vient de l’époque où nous cherchions à savoir si une nouvelle nourriture était comestible ou non : l’amertume agissait dans ce cas comme un signal d’alarme pour signifier un danger potentiel pour la santé. Datura Noir de Serge Lutens en est une illustration : les fleurs blanches  narcotiques et séductrices se retrouvent mêlées à une note d'amande amère, comme pour en souligner l'aspect dangereux et vénéneux.

 Par delà la création d'images et d'évocations diverses, la note amère est également utlisée dans les parfums un peu à la manière d'une épice pour relever un plat. Par exemple, pour créer un contraste intéressant avec des notes orientales sucrées et alléger la fragrance, comme c'est le cas dans Angélique Noire de Guerlain, où la note verte, amère et désaltérante de l'angélique est présente dès la vaporisation pour créer un choc face à la guerlinade vanillée et amandée.

 Les notes amères se retrouvent parfois au centre de la composition, afin de créer une fragrance qui se démarque de ses consœurs. Bien qu'assez rare, cette démarche se retrouve à la fois dans la parfumerie mainstream, comme dans l'Eau de Gentiane Blanche d'Hermès où la gentiane est mise en vedette aux côtés d'agrumes rafraîchissants et de doux muscs blancs, et auprès de marques plus conceptuelles comme Humiecki & Graef qui nous propose Blaskà la note inédite de noix.

 Quelle que soit leur utilisation, les notes amères sont à la fois assez utilisées et peu visibles par elles-mêmes en parfumerie, à moins d'y prêter un nez un peu inquisiteur pour chercher à les débusquer ! Mais lorsqu'elles sont mises en vedette, cela donne des fragrances originales et pleines de caractère.

Et vous, quelle fragrance appréciez-vous particulièrement pour ses notes amères ?
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Par Nez Lik,
Passionnée d'odeurs et de parfums, invitée spéciale 
sur Musque-Moi pour notre plus grand plaisir !




Bang, Marc Jacobs - Coup de coeur, coup de poivre...

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Une chose est sûre : Marc Jacobs réussit mieux ses parfums masculins, que ses jus floraux fruités gnian-gnian destinés aux jeunes filles en fleur.

http://www.hypeandstyle.fr/wp-content/uploads/2010/09/Marc-Jacobs-BANG-Collection.jpeg
Un nom qui laisse imaginer une bombe épicée, mais qui, au final, cache un parfum peut être un poil pas assez explosif. A la pulvérisation, c'est un poivre blanc et noir qui envahit l'air, poudré et sec, il manquerait de nous faire éternuer !
Il se pare de bois pas trop synthétiques et Marc Jacobs nous épargne, ici, les fameux "bois qui piquent" dont abuse la concurrence et que l'on sent partout ; équivalent masculin de l'éthylmaltol omniprésent du côté des rayonnages féminins.

L'accord est simple, concis, précis, sans surprises, peu évolutif passé la tête, mais réussi.
Une fois le nuage poivré apaisé (un peu trop vite à mon goût, mais cela vient de la matière première en elle même), la fragrance développe une étonnante association de notes boisées, épicées, de notes hespéridées mais pas fusantes apportées par l'élémi, une résine qui va également donner des impression d'encens.

Le sillage très fin, n'est pas bourré de bois synthétiques désagréables et piquant, invasifs et dérangeant comme le karanal, mais plutôt sur des bois doux, proches du cèdre et de la mousse de chêne, comme l'Iso E Super et l'Evernyl. Le sillage se fait ainsi plutôt fugace, addictif presque, un peu intrigant, et n'est pas aussi dérangeant qu'un OneMillion ou qu'un Azzaro.

Il est d'ailleurs même plutôt étonnant de trouver un boisé si fin et réfléchi chez une marque qui joue sur l'excentrisme et la provoc', pour qui on aurait plutôt imaginé un parfum "m'as-tu vu" qui tache, masculin au point d'en être cliché, surdosé en "bois qui piquent".

http://www.news-parfums.com/images/marc%20jacobs/marc-jacobs-bang-pub.jpg
"Tu le vois mon gros flacon ?"

On pourrait rapprocher Bang d'Autoportrait (Olfactive Studio), de Graphite (Montana) ou de Carbone (Balmain), trois compostions au style "boisé dépressif" reconnaissable entre mille, et presque croire qu'il est signé Nathalie Lorson, spécialiste du genre.
Bien sûr, cette tête polarisante, cette finesse boisée et cette puissance bien moindre que toutes les sorties actuelles ont sans doute, entre autres, participé au flop de ce parfum. Il faut dire que le flacon fait un peu cheap et pour la campagne de pub, on repassera...


Yann Vasnier signe pourtant ici l'une des plus belles sorties masculine et mainstream de 2010 !



[Brève] Lumière Blanche VS. Lumière Noire, la guerre déclarée ?

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J'hésitais à écrire un billet sur cette actualité qui agite le petit monde des passionnés qui suivent assidument l'actualité des marques. Et puis, l'article écrit par Chypre Rouge m'y a finalement poussé.

Plutôt qu'une actualité, je devrais dire qu'il s'agit ici d'un "scandale" !

Céline Verleure, l'adorable créatrice de la marque Olfactive Studio qui vient de voir arriver dans sa gamme un tout nouveau parfum nommé Flashback, nous annonce lundi, toute affolée et, surtout, hors d'elle, que sieur Francis Kurkdjian la menace de la poursuivre pour concurrence déloyale.

Lumière Blanche / Olfactive Studio
La raison ? 

Lumière Blanche, sa quatrième fragrance lancée l'année dernière, ferait de l'ombre au Lumière Noire ("pour elle" et "pour lui") du célèbre parfumeur franco-arménien.

Que penser de cela ?

Probablement que cet être pétri de jalousie, de voir des marques sortir des parfums bien plus qualitatifs et aboutis que les siens a décidé par craquer ? Bon... je ne pense pas que ce soit une vengeance empreinte de jalousie, mais plutôt de la bêtise pure et simple.
Il est clair que l'intention de Céline Verleure, en lançant Lumière Blanche, n'était absolument pas de faire de l'ombre à quiconque, surtout dans un univers aussi petit que celui de la parfumerie de niche, où les créateurs et parfumeurs sont amenés à se rencontrer régulièrement lors de salons ou se côtoyer par l'intermédiaire de leurs créations sur les linéaires des parfumeries.
En outre, Lumière Blanche colle complètement à l'univers d'Olfactive Studio, a été pensé dans tous les détails, comme pour les fragrances précédentes, et d'abord dans l'association photo/parfum qui caractérise la marque. Cette inspiration photographique et la composition faite de santal, d'épices froides et de lait d'amande (à cent mille lieux de la composition de Lumière Noire) prouvent bien la légitimité de la démarche, que ce parfum n'a pas été lancé spécialement pour concurrencer une n-ième rose-patchouli signée Kurkdjian appartenant à une gamme sensée reprendre tous les accords travaillé par le parfumeur dans ses compositions pour les marques avec lesquels il a travaillé.

Et l'on ose, après cela, se prôner "Parfumerie de Niche" ? C'est une honte !
Un jeu minable et puéril qui pourrait bien ressembler à celui de "l'arroseur arrosé" tant la cible est mal choisie, car bénéficiant d'une popularité et d'un soutien sans failles.

En tous cas, cette anecdote me conforte dans l'idée que je me faisais de Kurkdjian, et dans l'inutilité d'aborder ses créations sur ce blog.


Quand on sent la médiocrité de "Le Beau Mâle" et l'audace de lancer un jus aussi dégueulasse que "Amyris pour Homme" dans une gamme de niche, à sa place, je me ferrais tout petit !


TOUS derrière Céline Verleure et Lumière Blanche ! ;-)

[Coup de Coeur] Ca coule de source, d'amour et d'eau fraîche...

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Les flankers sont, on le sait, la spécialité de Givenchy, et plus particulièrement de son Very Irrésistible, qui s'est décliné en plus de 153 versions différentes en comptant les variations de Noël, pour le printemps, et dernièrement pour l'été avec Very Irrésistible Edition Croisière, avec une Liv Tyler photoshopée et liftée à l'extrême. Pathétique...

Heureusement, de temps en temps d'autres sortent leur épingle du jeu !

Calvin Klein, aussi, est connu pour ses nombreuses variantes de son CKone. L'été 2013 n'échappera pas à la traditionnelle version "Summer", surtout que l'on fête cette année les 10 ans de cette série de déclinaisons !

CKone Summer 2013 s'ouvre, à la vaporisation, sur un étonnant accord juteux et aqueux comme on les aime, de pastèque, de melon et d'air iodé, qui est sans rappeler les accord jasmin/prune/melon avant-gardistes des Diorella ou Parfum de Thérèse de Monsieur Roudnitska. Bien sûr, le jasmin en moins et arrangé de façon plu moderne. Qu'importe, le rendu est réussi !
Le tout est accompagné d'un effet de feuilles vertes et de gazon coupé, qui donne à l'ensemble encore plus de rendu aérien et naturaliste.

Mais le plus bluffant reste à venir... 
Harry Fremont, le parfumeur derrière cette création, a travaillé un étonnant accord "cascade" inédit. Comme une eau cristalline, limpide, ruisselante sur une peau brûlante en plein été, cette composition respire la fraîcheur, soutenu par une menthe qui accentue cette sensation de trombe d'eau glacée qui s'abat sur deux corps enlacés sous les chutes d'eau d'une forêt équatoriale. Végétation luxuriante, moiteur et eau abondante... concombre, courgette et lotus bleu. Tout respire l'élément indispensable à la vie sur terre. Comme une pupille cerclée d'un iris bleu azur et dessinant des cercles infinis à la surface d'un océan heurté par une goute céleste. La lumière se réfracte et se diffracte en traversant ce diamant liquide.

Le fond, fait de bois blonds et d'une touche d'épices, électrise le tout et nous annonce que l'été sera caliente ou rien ! A tester obligatoirement sur peau pour sentir les subtilité du fond de bois et d'épices charnelles !

CKone Summer 2013 donne le ton d'un été qui respirera la dualité fraicheur de l'eau / chaleur des corps.
Bon... à l'heure qu'il est, on attend encore le printemps, donc l'été annoncé ici sera peut être pour septembre. Voire octobre.

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Lilas & jacinthes, le printemps suggéré en flacon ...

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On a failli attendre le printemps !
Enfin, bon... là on a même eu l'impression de passer directement d'un hiver de 6 mois à l'été, avec les températures que nous avons eu hier. On ne va tout de même pas se plaindre : le beau temps semble bel et bien là.



Le mauvais temps persistant, gris et froid, pesait sur le moral de tout le monde. 
Je me suis mis à imaginer, pour mettre un peu de soleil dans ces journées bien moroses, des odeurs de fleurs de saison. Fleurissaient mentalement dans mon nez muguets, lilas, jacinthes, jonquilles, roses fraîches... 
Il faut dire qu'en plus, pour ma première année à Paris, je broie du noir dans mon coin en me trouvant loin de mon jardin adoré, véritable bibliothèque des odeurs au printemps lorsque tout bourgeonne. Je regrette, presque les larmes aux yeux, de rater le parfum des brassées de narcisses dans la brise printanière, l'odeur lourde, verte et sucrée des tapis de jacinthes et le doux parfum des bouquets de violettes. Allez, encore deux semaines à tenir avant de le retrouver débordant de végétation...

Mais avec ce froid et cette pluie, la végétation ne démarrait pas, et dans la ville, impossible d'assouvir cette envie de fleurs. Il fallait que je remédie à ça !
Il me fallait une odeur de printemps !

Rapide coup d’œil sur les matières premières à ma disposition.
Du vert, du floral, de l'aqueux... Ça devrait faire l'affaire.
Allez, au boulot !

Après quelques essaies de touilleries, des centaines de gouttes comptées une à une, des dizaines de cadavres de mouillettes, le résultat est là !

Un lilas, et une jacinthe.

Je les ai voulus au plus près de mon souvenir personnel, en me servant de ressentis gravés dans ma mémoire, et non pas d'après nature, avec un modèle sous le nez. Un exercice plutôt intéressant et constructif. 



Peut être un peu trop vert pour certains, trop doux pour d'autres, je voulais, en les faisant sentir à l'aveugle à différents cobayes, qu'ils y sentent le printemps, avant de forcément y trouver la fleur en question.
Apparemment, le pari est gagné, puisque ces deux échantillons, même s'ils ne sont pas de suite identifiés, ont été plutôt bien accueillis et ont ouvert des débats afin de savoir si la reconstitution de la jacinthe était plutôt le parfum de celle à fleurs roses, plus grasse et balsamique, ou de celle à fleurs blanches, plus verte, âpre et croquante.

Même si rares sont ceux qui trouvent l'identité de la fleur dès les premiers secondes, pour moi l'image y est. Le lilas est léger, aqueux, à la fois tendre et cristallin, avant de devenir un peu plus sombre et indolé, mais tout en gardant une impression de bouquet senti à distance, plutôt que le nez sur la fleur. Sur un départ légèrement fruité, proche d'une poire juste suggérée, il emprunte des notes de frésia et de pivoine, ainsi qu'un air de "fleur de coucou", irrésistible petites fleurs jaune au parfum miellé.

La jacinthe, quand à elle, est plus radicale.
Son départ tonitruant est chargé de sève verte, d'acidité pimpante et d'une note fruitée. Ces trois facettes issues de trois ingrédients distincts, étaient particulièrement compliquées à équilibrer. Et la formule finale est encore loin d'être parfaite, même si assez fondue à mon goût.
Il fallait aussi à la fleur un effet d'épaisseur, de lourdeur ainsi qu'un aspect "cireux", "gras", tout en gardant la dimension fraîche et aqueuse. En jouant sur l'animalité des indoles et l'effet tactile de l'aldéhyde cyclamen, la composition a gagné en profondeur et en complexité.
Sur touche, cet accord atteint son apogée au bout de 5 minutes, moment où  toutes les notes sont parfaitement liées, et exhalent les relents de fleurs au bord de l'explosion, tant elles sont chargées en parfum ; un parfum capiteux, narcotique et toxique...


Maintenant, lorsque l'envie me prend de respirer le parfum des fleurs dans la fraîcheur d'un jardin, je n'ai qu'à ouvrir mes deux petits flacons, et y glisser une mouillette.

Je pense qu'un accord est réussi, que le but recherché est atteint, lorsque l'on arrive à un sentiment d'autosatisfaction, voire plus : lorsque l'odeur recréée arrive à vous faire monter les larmes aux yeux.
A ce moment là, vous pouvez en être certains, vous le tenez !
Et je peux vous dire que ça laisse sur le c**, et vous laisse complètement abasourdis devant la puissance évocatrice de quelques molécules invisibles assemblées de façon précise.

"Le pouvoir des odeurs", qu'ils disaient... "Le pouvoir des odeurs" !


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Si ce petit bla-bla à propos de mes "touilleries" perso vous plaisent, je pourrai en écrire d'autres.
En attendant, précipitez-vous sur les fleurs, et jetez-vous dedans le nez le premier !
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